La Station Spatiale Chinoise : Découvertes, Ambitions et Défits
2024-11-06
Auteur: Emma
Le 30 octobre, les astronautes de la mission Shenzhou-19 ont fait leur entrée dans la station spatiale chinoise, la CSS (China Space Station), après un vol sans incident depuis le centre de lancement de Jiuquan. En dépit d'une routine qui commence à s'établir, les enjeux autour de cette station sont considérables.
La CSS, qui n'a pas d'autre appellation officielle, se distingue des précédentes stations Tiangong 1 et 2, lancées en 2011 et 2016. Actuellement, elle est composée de trois modules : Tianhe, Wentian et Mengtian, et possède une taille comparable à celle de la station russe Mir, bien qu'inférieure à celle de l'ISS (Station Spatiale Internationale). La construction de la CSS n'est pas encore achevée, car trois autres modules pourraient être ajoutés, élargissant ainsi les possibilités d'expériences scientifiques. À ce jour, 16 racks sont dédiés à des recherches variées.
Un aspect intéressant est l'intégration future du télescope spatial chinois Xuntian, qui pourra s'amarrer à la station pour des réparations sans avoir à solliciter des missions spatiales complexes, un point qui pourrait réduire considérablement les coûts. À titre de comparaison, la NASA a dépêché plusieurs missions pour maintenir le télescope Hubble, engendrant des dépenses colossales.
En parallèle, la Chine affiche de grandes ambitions lunaires, étant le premier pays à combiner un programme lunaire habité avec une station spatiale en orbite. Alors que les États-Unis et l'Union soviétique ont d'abord exploré la Lune avant l'installation de stations spatiales, la Chine se projette vers des missions lunaires habitée d’ici 2030, renforçant ainsi ses compétences en matière d'automatisation des rendez-vous spatiaux et de gestion d'éventuels débris spatiaux.
Les astronautes qui opèrent à bord de la CSS effectuent des tâches similaires à celles réalisées dans l'ISS, mais bénéficient d'une plus grande autonomie, n'ayant jamais eu accès à la station américaine. Grâce à leurs expériences, ils s'approchent progressivement des standards établis par les divers partenaires de l'ISS, ce qui contribuera à réduire les risques associés aux premiers vols lunaires. Par ailleurs, la CSS sert de plateforme pour tester des technologies essentielles pour des missions sur la Lune et la potentielle construction d'une base lunaire.
Sur le plan international, la Chine ne se contente pas d'explorer seule. Le vaisseau Shenzhou, inspiré du modèle Soyouz, est actuellement le seul véhicule permettant aux astronautes d'accéder à la CSS, tandis que le cargo Tianzhou assure le transport de fret. En outre, un nouveau programme d'appel d'offre a été lancé auprès de l'industrie spatiale chinoise, qui a connu une croissance exponentielle ces dix dernières années. Ce programme s'apparente au Commercial Cargo Program de la NASA, qui a été un tremplin pour SpaceX en 2009, et reflète une volonté de coopération et d'innovation dans le domaine spatial.