Technologie

La saga inachevée des ordinateurs TO7 et MO5, un succès éphémère français

2025-01-25

Auteur: Léa

Ces ordinateurs, aux touches parfois récalcitrantes et aux interfaces bien dépassées, ont marqué l'imaginaire collectif des années 80. Il y a quarante ans, dans les hypermarchés, des enfants faisaient la queue pour tester ces merveilles de la technologie: le Thomson TO7 et le MO5, les premiers ordinateurs personnels accessibles à un large public en France. Pour beaucoup, cet accès était synonyme d'évasion et de créativité, tantôt pour dessiner un soleil pixelisé, tantôt pour programmer des mélodies grâce à un langage basique. « C’était magique », se remémore Roxane, nostalgique de ses premières expériences sur le MO5 à l’école, un projet que Thomson a lancé à grande échelle dès 1985.

Mais ce succès n'était pas gagné d'avance. À la fin des années 1970, le groupe Thomson, bien connu pour ses postes radio et téléviseurs, hésitait à se lancer dans l'ère des ordinateurs personnels. Alors que d'autres géants comme Apple et Atari commençaient à dominer le marché, Thomson envisagait simplement de distribuer un modèle américain. C’est là qu'intervient Michel Leduc, un ingénieur visionnaire. Son défi : convaincre la direction de se lancer dans la conception d'un ordinateur. Après des tentatives avortées avec des marques, Thomson décide de lui donner carte blanche pour créer un produit qui pourrait rivaliser sur le marché français.

En 1979, alors que l'informatique personnelle est encore à ses balbutiements avec des machines comme l'Apple II et le TRS-80, Michel Leduc s'attaque à sa mission. Après avoir démonté et analysé des modèles existants, il s'aperçoit que l'assemblage de ces technologies est relativement simple, mais que les véritables obstacles résident dans la programmation et l'harmonisation des composants. À cette époque, les compétences en développement logiciel faisaient cruellement défaut.

De nombreux passionnés, dont des enseignants et des étudiants, voient dans ces machines une opportunité d'apprentissage. Le MO5, avec son interface accessible et son logiciel éducatif, devient rapidement un outil pédagogique dans de nombreuses écoles, permettant à des générations de jeunes marocains de découvrir les bases de la programmation.

Cependant, un esprit de compétition se fait jour face à l'invasion des ordinateurs importés. Alors que le marché se diversifie et que de nouveaux acteurs émergent, le TO7 et le MO5 peinent à maintenir leur place. La nostalgie qu'irradie ces machines fragiles et colorées rappelle l’audace d’une époque où la France a tenté de s'imposer sur le paysage technologique mondial. Qui aurait cru que, quelques décennies plus tard, ces ordinateurs deviendraient des objets de collection, témoignant d'une époque révolue mais mémorable dans l'histoire de l'informatique française ?