
La présidente mexicaine prône l’abandon des droits de douane, Trump évoque une « transition »
2025-03-10
Auteur: Léa
Claudia Sheinbaum, la première femme présidente du Mexique, reste convaincue qu'il n'y aura pas de droits de douane entre son pays et les États-Unis. Lors d'une « assemblée informative » tenue le 9 mars sur le Zócalo à Mexico, elle a réaffirmé cet engagement, quelques jours après avoir eu une conversation téléphonique avec Donald Trump, au cours de laquelle elle a obtenu la suspension d'une taxe de 25 % sur tous les produits importés du Mexique pendant un mois. "Le dialogue et le respect ont prévalu", a-t-elle déclaré avec satisfaction.
Claudia Sheinbaum demeure « optimiste », s’appuyant sur les déclarations de la Maison Blanche. Elle a expliqué, "Pour le 2 avril, les États-Unis ont annoncé des droits de douane réciproques pour tous les pays du monde, mais le Mexique n'est pas concerné grâce à nos deux traités commerciaux signés depuis trente ans, qui stipulent l'absence de taxes entre nos nations." Cependant, l’approche de Donald Trump laisse planer des doutes sur la continuité de cette situation, lui qui semble ignorer les accords de libre-échange entre le Mexique, les États-Unis et le Canada.
Lors de l'événement, la présidente mexicaine a également abordé le prétexte utilisé par Trump pour justifier sa guerre économique : le prétendu manque d'efforts du Mexique pour lutter contre le trafic de fentanyl, un opiacé synthétique dont la consommation explose aux États-Unis. Elle a rappelé que cet effort doit être réciproque et a insisté sur la nécessité de contrôler l'importation d'armes en provenance des États-Unis, soulignant, "Nous avons réaffirmé au président qu’il doit veiller à ce que les armes de gros calibre ne pénètrent plus sur notre territoire."
Sous un soleil ardent, une foule de près de 350 000 personnes a encouragé la présidente avec le slogan "Tu n'es pas seule", un soutien qui reflète les récents sondages montrant que plus de 80 % de la population approuve son action. Des participants arboraient également des casquettes marquées "Make America Mexican Again", symbolisant une réponse ludique et solidaire à la rhétorique de Trump. Sur la tribune officielle, des membres du parti Morena et du Parti d’action nationale (PAN), qui représente l’opposition de droite, étaient présents, démontrant une union inattendue encouragée en partie par les tensions commerciales alimentées par Trump.
Elle a poursuivi en indiquant que chaque année, près de 23 millions de citoyens américains visitent le Mexique, et environ un million d'entre eux y résident. cette dynamique souligne l'importance d'une bonne relation d’amitié et de coopération. "Nos économies sont très intégrées, et tout changement pourrait engendrer des déséquilibres", a-t-elle averti, rappelant que la majorité des entreprises exportatrices vers les États-Unis proviennent des États-Unis.
Donald Trump, quant à lui, a tenté de minimiser l’inquiétude autour d'une possible récession liée à sa guerre commerciale lors d'une récente conférence à bord de l'Air Force One. Il a admis qu'il pourrait y avoir "une période de transition" pour les entreprises américaines, tout en se vantant des futurs profits colossaux que pourraient rapporter ses taxes d'importation. "Tout ce que je sais, c’est que nous allons recevoir des centaines de milliards de dollars, et nous allons devenir tellement riches que vous ne saurez plus où dépenser tout cet argent", a-t-il affirmé avec confiance.
Alors que les échanges se poursuivent entre les deux nations, la situation reste à suivre de près, suscitant intérêt et anticipations au sein du monde économique. Le Mexique, tout en restant solide dans sa position, devra naviguer astucieusement entre la diplomatie internationale et les enjeux internes.