Peu après le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, avait averti que quiconque interférait avec la Russie devait s'attendre à une réponse immédiate, entraînant des conséquences inimaginables. Cette déclaration a jeté une ombre significative sur les relations internationales, faisant craindre une escalade potentielle vers un conflit nucléaire.

Depuis cette invasion, des responsables russes évoquent fréquemment la menace d'un conflit nucléaire. Cela s'est intensifié chaque fois que les pays occidentaux annoncent de nouveaux soutiens militaires à l'Ukraine. Par exemple, en septembre 2022, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a averti que toute livraison de missiles à longue portée par les États-Unis aux forces ukrainiennes serait perçue comme une implication directe dans le conflit.

En réponse à ces tensions, Washington a commencé à fournir des missiles MGM-140 ATACMS à l'Ukraine, mais sous des restrictions d'utilisation, limitant leur emploi à la reprise des territoires ukrainiens occupés. Toutefois, l'Ukraine continue de faire pression pour lever ces restrictions, afin de répondre à la menace russe sur son territoire.

Le 12 septembre, Vladimir Poutine a encore renforcé ces avertissements en précisant qu'une utilisation de ces armes contre des cibles russes constituerait une escalade, transformant le conflit en une guerre ouverte entre l'OTAN et la Russie. Cela démontre à quel point l'utilisation d'armes nucléaires demeure au centre des préoccupations stratégiques de Moscou.

La doctrine nucléaire russe a subi une révision ces derniers temps, permettant d'envisager un recours à l'arsenal nucléaire non seulement en cas d'attaques avec des armes de destruction massive, mais également si des menaces conventionnelles mettent en péril l'existence même de l'État. Cette évolution fait suite aux récentes tensions au sein de la région, qui ont vu des activités militaires accrues et des affrontements sporadiques.

Le 25 septembre, lors d’une réunion retransmise à la télévision, Poutine a justifié cette révision par une évaluation dynamique des menaces militaires croissantes. Il a exprimé que la Russie pourrait considérer des attaques massives à l'aide de drones ou de missiles comme un déclencheur potentiel pour une réponse militaire, y compris nucléaire. Cette déclaration est d'autant plus alarmante que la Biélorussie, un allié proche de Moscou, a reçu des armes nucléaires tactiques.

Alors que le terme "lancement massif" reste flou, il est essentiel de noter que l'Ukraine a récemment attaqué plusieurs régions russes, y compris Moscou, avec un nombre significatif de drones. Cela soulève des questions quant à la réaction de la Russie face à de telles offensives.

Moreover, Poutine a mentionné que toute agression contre la Russie, même d'un pays non-nucléaire, mais avec le soutien d'un État nucléaire, pourrait être interprétée comme une déclaration de guerre. Ainsi, les trois pays qui ont soutenu l'Ukraine avec des missiles à longue portée sont dans la ligne de mire de Moscou.

Enfin, cette nouvelle doctrine mentionne qu'une menace conventionnelle significative pourrait également déclencher une réponse nucléaire, élargissant encore le champ des possibles.

Derrière cette évolution, la question demeure : s'agit-il d'une nouvelle menace en vue d'un conflit ou d'une manœuvre stratégique visant à rappeler aux Occidentaux les "lignes rouges" à ne pas franchir ?

Héloïse Fayet, chercheuse à l'Institut français des relations internationales, tend à privilégier l'idée d'une communication stratégique, soulignant que la doctrine évolutive est une partie intégrante du dialogue dissuasif entre la Russie et l'Occident. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a aussi récemment souligné que ces changements envoient un "signal spécifique" à ceux qui soutiennent l'Ukraine, avertissant des conséquences d'une telle participation.

Avec la montée des tensions, il est crucial de rester vigilant concernant les implications de ces avertissements et de leur impact sur la sécurité mondiale.