La Norvège est à l'avant-garde d'une nouvelle révolution dans le transport maritime avec son projet audacieux, NuProShip I (Nuclear Propulsion in Shipping I). Ce projet a pour objectif d'intégrer des technologies de propulsion nucléaire dans sa flotte commerciale, offrant ainsi une alternative zéro émission aux combustibles fossiles, qui représentent une part importante de l’empreinte carbone des transports maritimes.

L’industrie maritime contribue à environ 3 % des émissions mondiales de CO2, soit près de 1 000 millions de tonnes par an. Face à cette réalité alarmante, le chantier naval Vard, en partenariat avec l’Université Norvégienne des Sciences et Technologies d’Ålesund et d'autres acteurs majeurs, examine le potentiel des réacteurs nucléaires de quatrième génération. Ces réacteurs disposent de technologies avancées qui promettent sécurité et efficacité dans un environnement maritime, une première pour la filière.

Le projet a déjà identifié trois concepts de réacteurs nucléaires jugés prometteurs :

1. **Kairos Power** : Un réacteur à sels fondus haute température qui utilise des particules de combustible TRISO.

2. **Ultrasafe** : Un réacteur à gaz hélium refroidi, basé également sur le combustible TRISO, qui assure une efficacité thermique supérieure.

3. **Blykalla** : Un réacteur rapide refroidi au plomb connu pour sa sécurité élevée et sa capacité à fonctionner à des températures extrêmes.

Cependant, transformer cette vision en réalité nécessite de surmonter des obstacles réglementaires et technologiques majeurs. La Norvège collabore avec des organisations telles que DNV, l'Autorité Maritime Norvégienne et le Groupe Knutsen, afin de s'assurer que l'intégration de la technologie nucléaire respecte les normes les plus strictes de sécurité et d’efficacité.

En parallèle, une seconde phase, NuProShip II, est prévue après la réussite du premier projet en 2024. Cette phase visera à évaluer la viabilité commerciale de ces technologies, élargissant ainsi le consortium aux compagnies d’assurance pour sécuriser le financement et minimiser les risques associés à cette innovation.

Mais des questions essentielles demeurent : La population acceptera-t-elle la navigation avec des réacteurs nucléaires ? Comment le marché des transports maritimes réagira-t-il face à des normes de sécurité potentiellement radicalement différentes ? Ces interrogations, bien que nombreuses, n’empêchent pas la Norvège de se diriger vers une transformation qui pourrait bien faire d'elle le leader mondial des flottes commerciales écoresponsables.

En somme, avec le projet NuProShip, la Norvège se positionne non seulement comme un pionnier dans l'innovation énergétique, mais aussi comme un acteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique dans le secteur maritime. Les enjeux sont immenses, et si ce pari réussi se concrétise, il pourrait redéfinir la géopolitique maritime du XXIe siècle.