En 2024, les cyberattaques ont explosé en France, et la Nouvelle-Aquitaine n'a pas été épargnée. L'attaque sur le système dédié aux éleveurs limousins et aquitains, ainsi que le piratage des sites Web de plusieurs communes, dont Bordeaux, soulèvent de sérieuses préoccupations. Thierry Berthier, expert en cybersécurité et enseignant-chercheur à l'université de Limoges, nous éclaire sur ces dangers grandissants et propose des solutions pour se protéger.

La dernière attaque majeure dans le Sud-Ouest a eu lieu dans la nuit du 14 au 15 décembre 2024, touchant gravement le secteur agricole. La plateforme en ligne Synel, utilisée pour l'identification des animaux d'élevage, est désormais inaccessible dans vingt-deux départements, dont la Haute-Vienne et la Corrèze, compliquant la tâche des éleveurs.

Thierry Berthier explique : « Cette plateforme, utilisée depuis plus de vingt ans, est essentielle pour enregistrer les mouvements, les naissances et les ventes d'animaux. C'est l'hébergeur de cette plateforme qui a été victime d'une cyberattaque. Les pirates se sont infiltrés dans le système pour chiffrer des bases de données cruciales, rendant la plateforme inopérante. »

Les motivations des attaquants sont claires : « L'objectif est de bloquer le service et de réclamer une rançon. Les conséquences financières de ces attaques peuvent être dévastatrices, surtout pour les PME, où 35% se retrouvent souvent à payer pour retrouver l'accès à leurs données. »

Est-il facile d'identifier les auteurs ? "Généralement, c'est très difficile. Cela nécessite une enquête approfondie et les autorités spécialisées dans ce domaine sont souvent mobilisées. Les attaquants peuvent être n'importe qui, y compris des employés d'une entreprise qui exploitent des failles internes. Souvent, les cybercriminels agissent pour obtenir un profit financier et non pour des raisons idéologiques. »

Aujourd'hui, il est alarmant de constater que presque tout le monde peut se lancer dans des activités de piraterie. Les outils pour mener des cyberattaques sont facilement accessibles. "Une fois une rançon demandée, le pirate restitue une partie à ceux qui l'ont aidé à exécuter l'attaque", souligne Berthier.

Les statistiques sont édifiantes : en 2024, le coût mondial de la cybersécurité a dépassé celui du trafic de drogues, atteignant des milliards d'euros. On estime que plus de 50 % des entreprises dans le monde ont subi des tentatives de rançongiciels l'an passé. Et ce chiffre ne cessera d'augmenter.

"Les PME et TPE sont les cibles principales, car elles ont moins de moyens de se protéger. Les particuliers ne sont pas épargnés non plus. Pour des organismes critiques comme les hôpitaux, l'ANSSI veille à leur sécurité, mais le risque zéro n'existe pas. »

Pour se protéger des menaces cybernétiques, la meilleure solution demeure la sauvegarde des données. "Copiez toutes vos informations sur un disque dur externe qui reste déconnecté de votre ordinateur autant que possible. Cela garantit que vos données restent accessibles en cas d'attaque."

L'importance croissante de la cybersécurité doit encourager tous les secteurs à prendre ces menaces au sérieux. Que vous soyez un particulier, une PME ou un organisme vitale pour l'économie, il est crucial de se préparer. Restez vigilants et proactifs !