La France s'interroge sur les intentions d'Alger : un nouveau tournant diplomatique ?
2025-01-06
Auteur: Louis
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a récemment exprimé des « doutes » quant à la volonté d'Alger de respecter la feuille de route élaborée pour les relations bilatérales entre la France et l'Algérie. Cet échange délicat survient après la visite d'Emmanuel Macron à Alger en août 2022, où un accord avait été signé avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, stipulant un assouplissement de la politique française sur les visas et un engagement de l'Algérie à lutter contre l'immigration clandestine.
« Nous avons en 2022 (...), rédigé une feuille de route (...), et nous tenons à ce qu'elle puisse être suivie », a souligné Barrot lors d'une interview conjointe accordée à plusieurs médias. Il a ajouté : « Nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l'intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Car pour tenir la feuille de route, il faut être deux. »
Le ministre a également exprimé une vive préoccupation concernant le sort de Boualem Sansal, un écrivain critique à l'égard du pouvoir algérien, dont la demande de libération a été rejetée. Incarcéré à Alger depuis mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'État, Sansal est actuellement hospitalisé, ce qui a soulevé des inquiétudes quant à sa santé. À 80 ans, il est reconnu pour ses prises de position courageuses sur des sujets sensibles en Algérie, et il vient d'obtenir la nationalité française.
« La France est très attachée à la liberté d'expression et considère que les raisons ayant conduit à l'incarcération de Sansal ne sont pas valables », a insisté Barrot. Il convient de noter que le président algérien avait précédemment qualifié Sansal d'« imposteur » et avait évoqué son arrestation lors d'une déclaration le 29 décembre.
Par ailleurs, les relations entre les deux nations continuent d'être tendues. En effet, l'Algérie avait retiré son ambassadeur de Paris en juillet dernier après le soutien de Macron aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, un point de friction majeur dans les relations entre Algeria et la France, qui cherche à améliorer ses liens tout en naviguant ces complexités diplomatiques.
« Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l'Algérie (...), mais ce n'est pas le cas aujourd'hui », a déploré le ministre. Les tensions émotionnelles autour de cette situation pourraient représenter un défi majeur pour la politique étrangère française dans la région.