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La fin du transit du gaz russe par l'Ukraine : une tempête qui s'annonce pour l'Est de l'Europe

2024-12-30

Auteur: Louis

Le 31 décembre 2023 marquera une date charnière pour l'Europe de l'Est, avec l'arrêt total du transit du gaz russe par l'Ukraine vers les pays européens. Volodymyr Zelensky, président ukrainien, a confirmé cet été qu'il ne prolongera pas le contrat de transit de gaz en vigueur, signé avant le début de l'invasion russe. Cette décision, bien plus qu'un simple changement contractuel, soulève de vives inquiétudes sur la sécurité énergétique de toute la région.

Avant le déclenchement du conflit, en 2021, le gaz russe représentait près de 40 % des approvisionnements en Europe. Depuis, cette part a chuté à environ 10 % ou moins, provoquant une flambée des prix qui frappe durement les consommateurs sur le vieux continent. Des pays tels que la Slovaquie et la Moldavie, toujours très dépendants du gaz russe, sont sur le qui-vive.

L'Ukraine, de son côté, se prépare à des répercussions immédiates sur son économie. Selon Patrice Geoffron, économiste et directeur du Centre de géopolitique de l'énergie à l'université Paris Dauphine, la fin du transit signifie une perte de revenus considérable, représentant environ 0,5 % du PIB ukrainien. Une perte qui pourrait s'avérer catastrophique dans un pays déjà meurtri par la guerre.

Pour tenter de pallier cette situation, l'Union européenne accélère ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis. L'Ukraine a reçu une première cargaison de GNL américain en date du 27 décembre 2023. Cependant, cette mesure ne compensera pas totalement le gaz auparavant acheté à la Russie, surtout en plein hiver où la demande énergétique est à son pic.

Le prix du gaz a déjà connu une hausse substantielle, atteignant près de 45 euros par kWh, soit 10 euros de plus qu'un an auparavant. Ce phénomène est attribué à la crise énergétique structurelle que traverse l'Europe, exacerbée par le conflit. La Commission européenne prévoit une transition complète vers des sources d'énergie alternatives d'ici 2027, mais pour le moment, les consommateurs risquent de subir les effets d'une volatilité accrue des prix.

La situation est particulièrement délicate pour la Slovaquie, qui a exprimé son mécontentement face à cette décision ukrainienne. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a menacé de rétorsions contre l'Ukraine, y compris la réduction de l'approvisionnement électrique dont Kiev a besoin en période de crise. Ce climat de tensions pourrait déboucher sur des solutions inattendues, comme le transit inversé de gaz de l'Ouest vers la Slovaquie, qui pourrait se heurter à des conditions économiques moins favorables.

Dans un contexte aussi tendu, les répercussions de cette décision se font déjà sentir, et il reste à voir comment l'Europe gérera cette crise énergétique, alors que la guerre en Ukraine continue de redessiner les lignes de la geopolitique énergétique en Europe.