
« La crise du doctorat en France : Un appel urgent à l'action pour sauvegarder notre souveraineté scientifique »
2025-03-27
Auteur: Emma
Le doctorat, considéré comme le summum de l'enseignement supérieur, est essentiel dans le paysage scientifique. Il englobe toutes les disciplines, notamment les sciences exactes, la technologie et les sciences du vivant. Cependant, la France se retrouve empêtrée dans une crise de recrutement, un phénomène déjà observé par certains pays de l'OCDE, comme le souligne un article de la revue Nature. Des nations comme le Japon, le Canada et le Brésil ont réagi face à cette problématique, tandis qu'en France, la situation appelle des mesures rapides et efficaces pour protéger notre souveraineté scientifique et stimuler l'innovation.
La crise actuelle trouve ses racines dans une perception dégradée de la valeur du doctorat. Beaucoup d'étudiants doutent de son utilité pratique et des débouchés offerts. Une majorité de docteurs se tournent vers des entreprises sans avoir reçu une formation adéquate pour ces milieux professionnels. Les chiffres sont éloquents : chaque année, environ 14 000 nouveaux docteurs sont diplômés, mais seuls 2 500 postes sont disponibles dans les établissements publics.
Ce déséquilibre engendre une forte concurrence dans un marché du travail saturé. Autrefois, la recherche attirait des esprits passionnés par la science et le prestige académique ; aujourd'hui, les jeunes diplômés privilégient des carrières offrant un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. En conséquence, les institutions françaises voient leur attractivité diminuer face à celle d'autres pays, ce qui nuit à notre compétitivité scientifique.
Des recommandations ont été formulées dans le rapport Pommier/Lazarus, remis au gouvernement en novembre 2024. Celles-ci incluent l'amélioration de l'image du doctorat et le renforcement des partenariats avec le secteur industriel. En outre, la proportion de docteurs en entreprise est alarmante : seulement 13 % des chercheurs en entreprise détiennent un doctorat, contre 64 % d'ingénieurs. Cela souligne l'absence de liens entre le monde académique et les entreprises.
Les formations complémentaires existent, mais celles-ci peinent à s'articuler avec le cursus doctoral trop exigeant. Pour redynamiser ce secteur, la France doit élargir le accès à des doctorats mieux formés et mieux rémunérés. Il est crucial de porter la durée des thèses à 42 mois, ce qui correspondrait mieux aux standards internationaux et permettrait aux doctorants d'acquérir des compétences supplémentaires.
Il est également essentiel d'améliorer le cadre financier des doctorants, qui perçoivent souvent des rémunérations à peine supérieures au SMIC. Des mesures visant à valoriser leur travail et à les intégrer dans le secteur privé sont également indispensables. Par ailleurs, une initiative proactive réunissant les entreprises et les ministères concernés doit être lancée pour cibler des thèmes de recherche stratégiques essentiels pour notre industrie et notre innovation.
Enfin, il convient de promouvoir des postes dans la haute fonction publique accessible aux docteurs, garantissant ainsi une reconnaissance de leur valeur. Les recommandations formulées ne relèvent pas du catastrophisme, mais visent à offrir des solutions réalistes pour assurer la pérennité de notre système de recherche. La France doit réagir rapidement pour ne pas assombrir son avenir scientifique et industriel. C'est un défi indispensable à relever pour assurer le bien-être des générations futures et pour maintenir notre position en tant que leader mondial dans la recherche et l'innovation.