Technologie

La Chine prend de l'avance sur la France et l'Occident avec son premier réacteur hybride fusion-fission

2025-03-29

Auteur: Marie

Dans un tournant majeur pour l'avenir énergétique, la Chine a révélé son intention de bâtir la première centrale nucléaire hybride fusion-fission au monde, nommée Xinghuo, ce qui signifie "étincelle" en mandarin. Ce projet ambitieux promet de dessiner le paysage énergétique du futur et pourrait bien avoir des ramifications économiques et géopolitiques à l'échelle mondiale.

Une technologie révolutionnaire

La fusion et la fission sont deux procédés clés dans la production d'énergie nucléaire. La fission, qui est la réaction utilisée dans les centrales nucléaires actuelles, consiste à briser des noyaux lourds tels que l'uranium. En revanche, la fusion, la réaction qui alimente le soleil, fusionne deux noyaux atomiques pour en créer un plus lourd, libérant ainsi une quantité énorme d'énergie. La centrale Xinghuo de Chine mêlera ces deux techniques, utilisant les neutrons d'ultra-haute énergie générés par la fusion pour provoquer la fission voisine. Ce processus innovant pourrait maximiser la production d'énergie tout en minimisant les déchets nucléaires, se présentant comme une solution à bon rendement.

Des ambitions sans précédent

Le coût total du projet est estimé à environ 2,5 milliards d'euros (20 milliards de yuans), permettant une production continue de 100 MW, soit l'équivalent d'une petite centrale nucléaire classique. Cependant, Xinghuo espère atteindre un rapport de qualité (Q) supérieur à 30, commençant une nouvelle ère pour la production d'énergie nucléaire. Pour comparer, le projet ITER en France vise un Q de 10, tandis que les États-Unis n'ont obtenu qu'un Q de 1,5. Cela témoigne de l'ambition radicale de la Chine dans le domaine de l'énergie nucléaire.

Un site d'innovation dans un environnement riche en ressources

La centrale sera érigée sur l'île scientifique de Yaohu, dans la province de Jiangxi, qui est déjà une zone technologique reconnue pour ses recherches en supraconductivité. Ce choix stratégique s'explique par la richesse en cuivre de la région, essentielle pour les câbles superconducteurs nécessaires au confinement du plasma.

Évaluation environnementale et acceptabilité sociale

Avant de démarrer la construction, Xinghuo devra obtenir un feu vert écologique. Une étude d'impact environnemental a été lancée, visant à évaluer la qualité de l'air, de l'eau, ainsi que les effets sonores et l'impact sur l'écosystème local. Ce rapport comprendra également un plan de gestion des risques, soulignant l'importance croissante accordée aux préoccupations environnementales et à l'acceptabilité sociale dans les projets énergétiques.

Un coup d'avance sur ITER et les projets internationaux

Si le calendrier est respecté, la Chine pourrait brancher sa centrale à partir de 2030, une avance significative par rapport à ITER, qui ne prévoit pas de mise en service avant 2035. Ce scénario préfigure une compétition accrue dans le secteur de l'énergie, alors que d'autres projets, tels que le China Fusion Engineering Test Reactor, sont également en préparation, visant à établir une version de la fusion nucléaire plus pragmatique.

Vers un avenir énergétique durable

La Chine, en tant que premier consommateur d'énergie au monde, traverse une phase de transition énergétique ambitieuse. Les prévisions indiquent que d'ici 2025, la consommation de charbon atteindra son pic avant de diminuer, tandis que les énergies renouvelables et nucléaires prendront le relais. D'ici 2030, la capacité installée d'énergie solaire et éolienne pourrait atteindre 1 720 GW, plaçant la Chine dans une position de leader mondial dans la lutte contre le changement climatique.

Xinghuo, en conjuguant fusion et fission, pourrait ouvrir la voie vers des solutions énergétiques plus sûres, durables et moins polluantes, apportant ainsi une réponse à des besoins énergétiques croissants tout en soutenant les objectifs de neutralité carbone d'ici 2060.