Le président français Emmanuel Macron a déclaré, vendredi, que la base militaire française à Djibouti allait se « réinventer » en tant que « point de projection » pour certaines mission en Afrique, à la suite du retrait forcé des troupes françaises du Sahel. Dans son discours devant les soldats français stationnés à Djibouti, il a souligné que « notre rôle change en Afrique » en raison des évolutions géopolitiques et des changements d'opinion publique sur le continent.

Macron a rappelé la décision souveraine prise en février 2023 de refonder un partenariat respectueux, axé sur l'aide à la formation, à l'équipement et au renseignement en faveur de nos partenaires africains, afin de mener à bien des opérations spécifiques.

Ce revirement s'explique notamment par la montée d'un sentiment antifrançais dans les anciennes colonies, exacerbée par le retrait des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La France s'est ainsi retrouvée confrontée à des régimes militaires de plus en plus proches de l'influence russe.

D'autre part, un premier groupe de 120 soldats français a quitté le Tchad, qui a également demandé le retrait de ses forces, rejoignant la tendance observée au Sénégal et ailleurs, et soulignant ainsi une redéfinition des relations franco-africaines.

La base de Djibouti, qui abrite 1500 militaires, est le principal contingent français à l'étranger et la seule base qui ne sera pas affectée par les réductions de troupes annoncées en Afrique. Macron a souligné l'importance de Djibouti dans la stratégie « Indo-Pacifique » de la France, en garantissant la liberté de navigation en mer Rouge tout en transformant cette base en un centre opérationnel pour les missions africaines.

En juillet, la France et Djibouti ont renouvelé leur traité de coopération en matière de défense, comprenant des négociations difficiles sur l'indemnisation relative à l'utilisation de la base. Cette étroite collaboration fait de Djibouti un allié stratégique dans une région de plus en plus troublée, à la croisée de routes commerciales vitales entre l'Asie et l'Occident, notamment face aux tensions au Yémen dans le détroit de Bab-el-Mandeb.