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« Julie se tait » : une jeune fille sous emprise, dans la solitude du court de tennis
2025-01-29
Auteur: Sophie
Les violences sexuelles dans le milieu du sport sont aujourd'hui au cœur des préoccupations sociétales, dénoncées avec force par de nombreuses voix. En octobre 2024, Angélique Cauchy, âgée de 37 ans, publiait son témoignage bouleversant, Si un jour quelqu’un te fait du mal (Stock), dans lequel elle racontait les atrocités qu'elle a subies entre 12 et 14 ans de la part de son entraîneur de tennis, Andrew Geddes, au club de Sarcelles (Val-d’Oise). Ce récit poignant s'inscrit dans un contexte où le film « Julie se tait », réalisé par Leonardo Van Dijl, a captivé l'audience à la Semaine de la critique de Cannes 2024, remportant le prix SACD pour son exploration de la solitude post-agression.
Contrairement à d'autres œuvres qui examinent les dynamiques de pouvoir dans un cadre d'emprise toxique, comme le film Slalom (2020) de Charlène Favier, qui se centrent sur la période des abus, « Julie se tait » plonge au cœur du silence accablant de la victime après les événements traumatisants. Ce premier long-métrage remarquable se distingue par sa façon de capturer l'isolement et la lutte interne de Julie, qui doit affronter son passé seul, sans avoir d'autres personnages pour l’épauler. En mettant l'accent sur la nécessité de libérer la parole là où le silence pèse, le film interroge les mécanismes de la honte et de la culpabilité, et témoigne de la résilience des victimes face à l'adversité.
L'importance d'une telle œuvre dépasse le cadre du cinéma : elle résonne dans une société qui peine encore à prendre la pleine mesure des problématiques de violence sexuelle, particulièrement dans les domaines du sport. Les témoignages comme celui de Cauchy et les représentations artistiques comme celle de Van Dijl contribuent à briser la loi du silence, à valoriser les victimes et à encourager d'autres à s'exprimer. Au-delà des histoires individuelles, c'est une véritable prise de conscience collective qui se dessine, un appel à la responsabilité de tous, pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.