Divertissement

Julie Birmant, scénariste de BD : « Il n’y a pas besoin d’être Picasso pour mélanger vie amoureuse et vie d’artiste »

2025-01-06

Auteur: Pierre

La peinture et la bande dessinée partagent un constat amer : l’art peut être cruel. Les grands noms de la peinture s’inscrivent dans l’histoire alors que leurs muses sombrent dans l’oubli. De même, les lecteurs attendent des heures pour un simple gribouillage d’un dessinateur, laissant parfois leurs espoirs déçus en découvrant que celui qui les a charmés avec des mots n’est pas l’artiste qu’ils espéraient voir.

L’exposition « Julie Birmant. Les herbes folles » qui se tiendra à Angoulême à la fin de janvier promet d’apporter un éclairage frais sur la carrière d’une scénariste aussi talentueuse que discrète. À 50 ans, Julie Birmant a été récompensée par le prix René Goscinny du meilleur scénariste en 2024 pour le premier volume de sa trilogie consacrée à Salvador Dalí, intitulé Avant Gala (Dargaud, 2023). Dans un monde où la reconnaissance des scénaristes reste souvent dans l’ombre, cette exposition a le potentiel de redresser la balance.

L'affiche de l'événement, illustrée par son partenaire Clément Oubrerie, 58 ans, co-auteur de la célèbre série Aya de Yopougon (Gallimard), représente une femme imposante, les cheveux au vent, accueillant un minuscule peintre sur son genou. Julie Birmant raconte avec humour : « Au départ, Clément avait dessiné cette fille les yeux fermés, je lui ai dit qu'il était impossible que l’on comprenne qu’elle était l’héroïne. Il l’a donc redessinée avec les yeux ouverts. » En dépit de l’importance de cette exposition, Julie souligne que « Les herbes folles » est, dans son esprit, une « exposition à deux, celle d’une femme et d’un artiste ».

À travers ce projet, Birmant espère toucher un public plus large sur l'importance des scénaristes dans l’univers de la bande dessinée. De son côté, elle considère que le mélange de sa vie personnelle avec sa carrière d’artiste n’est pas seulement légitime, mais enrichissant. Elle déclare : « Malgré les inégalités qui persistent dans le monde artistique, il est crucial de faire entendre nos voix. Les femmes ont beaucoup à dire et leurs histoires méritent d’être racontées. »

Les amateurs de bande dessinée et d'art sont donc invités à découvrir cette exposition qui promeut non seulement un travail exceptionel mais aussi la reconnaissance des artistes moins visibles. Cette initiative est une occasion rare de voir l'art sous un nouveau jour, ainsi que d'explorer la dynamique entre vie personnelle et vie professionnelle dans le monde créatif.