Joël Pommerat, metteur en scène respecté, a récemment annoncé qu'il déclinait l'honneur d'être promu chevalier de la Légion d'honneur. Dans un communiqué transmis à l'AFP, il a exprimé sa surprise face à cette nomination : « J'ai appris avec surprise avoir été promu au grade de chevalier de la Légion d'honneur. Je suis sincèrement touché qu'on ait pensé à moi et je suis désolé de devoir décliner. »

Pommerat, qui est une figure emblématique du théâtre contemporain, a souligné dans ses déclarations son désir de conserver son indépendance : « Je crois au besoin de recul de ceux et celles dont le métier est d'écrire sur la société et le monde d'aujourd'hui. Cette forme d'honneur se pose symboliquement comme une récompense individuelle de l'État et n'est pas compatible, selon moi, avec cette recherche d'indépendance. »

Âgé de 61 ans, Pommerat est connu pour ses œuvres marquantes telles que Cendrillon et La Réunification des deux Corées, qui ont été saluées tant par la critique que par le public. Sa pièce Marius, inspirée de l'œuvre de Marcel Pagnol et développée lors d'ateliers en prison, est actuellement en tournée à travers la France, témoignant de son engagement envers des projets audacieux et significatifs.

Il se voit donc rejoindre une liste de décideurs culturels notables ayant été décorés aux côtés des acteurs Camille Cottin et Mélanie Thierry, de l'imitateur Laurent Gerra, ainsi que de l'ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul Malak.

Choix controversé, le refus de Pommerat intervient dans un contexte où d'autres artistes, comme la bédéaste et réalisatrice Marjane Satrapi, ont également décliné ce titre. Cette dernière, promue en juillet 2024, a dénoncé « une attitude hypocrite de la France vis-à-vis de l'Iran », notamment en ce qui concerne l'octroi de visas.

Le refus de la Légion d'honneur n'est pas une nouveauté dans le milieu artistique et scientifique français. Des noms prestigieux tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Marie Curie, Albert Camus et Claude Monet ont tous, d'une manière ou d'une autre, déclaré que la décoration n'était pas en adéquation avec leur vision personnelle de l'intégrité et de l'indépendance.

Pommerat incarne ainsi une nouvelle génération d'artistes déterminés à défendre leur autonomie face aux institutions, rappelant que l'art ne devrait jamais être dicté par des honneurs ou des distinctions.