« J’étais comme prisonnier de mon corps » : Victime d'un viol par soumission chimique, Rénaald témoigne pour sensibiliser
2025-01-21
Auteur: Marie
Culpabilité, colère, frustration, remords… Depuis 31 ans, Rénaald Barbot-Jobart traverse une mer de sentiments complexes. Au cœur de son tourment, un homme, prédateur notoire, a scellé son destin. En 1993, alors qu’il n’a que 17 ans, Rénaald vit son homosexualité cachée, enfermé dans un placard. Sa famille ignore sa vérité, le poussant à fréquenter en cachette une discothèque gay du Mans. Un quadragénaire commence à l'approcher, mais Rénaald le rejette pendant plusieurs semaines. Un soir, dans un moment de vulnérabilité, il accepte un verre de l’homme, sans se douter des conséquences terrifiantes.
« Aujourd’hui encore, certains mots me sont insupportables ».
Il suspecte que l’homme ait ajouté du GHB à sa boisson. Ce soir-là, il est conduit chez lui, et les heures qui suivent le marqueront à jamais. « J’étais comme prisonnier dans mon corps », témoigne-t-il dans le documentaire « Soumission chimique : pour que la honte change de camp », réalisé par Linda Bendali.
« Victime, pas coupable »
Aujourd'hui, installé près de Royan avec son mari David, Rénauld remercie Linda Bendali : « Grâce à elle, je me considère maintenant comme une victime et plus comme un coupable, un sentiment qui m’a rongé pendant vingt ans. » Les mots dégradants de son agresseur l’ont longtemps hanté. « Aujourd’hui encore, il y a des mots que je ne peux pas entendre, des intonations de voix… »
Il parle de l'isolement et de la honte qui caractérisent tant de récits de victimes. Trois semaines après son agression, Rénauld tente de mettre fin à ses jours. Ce n’est qu’après trois ans et une lutte contre l'anorexie mentale qu’il pousse la porte d’un premier thérapeute, tout en gardant ses douleurs enfouies. « J’ai passé dix ans en thérapie, j’ai essayé plusieurs psychologues avant de trouver celui qui m’écoutait vraiment, qui ne jugeait pas. »
« Tourner la page »
Un contact sur les réseaux sociaux d'un jeune homme ayant vécu une expérience similaire a été le déclic pour Rénaald. Il a décidé de répondre à cet « appel à l’aide » en partageant son histoire. Lorsque Linda Bendali l’a sollicité pour témoigner face caméra, il n’a pas hésité. Son mari David, son soutien inconditionnel depuis dix-huit ans, a montré une certaine réticence mais l’a encouragé : « Si cela peut t'aider à aller mieux et à fermer ce chapitre… »
Rénauld souhaite que son témoignage serve à briser le silence autour des violences sexuelles et de la soumission chimique. Son histoire met en lumière un sujet souvent tabou, et il espère inspirer d'autres victimes à parler, à guérir et à revendiquer leur statut de victimes. Des initiatives de prévention et des campagnes de sensibilisation sont essentielles pour protéger les plus vulnérables et changer la perception sociétale entourant ces atrocités. Rénauld Barbot-Jobart n'est plus seul, et il se bat désormais pour que la honte change de camp.