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"Je ne sais pas où je vais dormir" : l'évacuation d'un immeuble squatté à Échirolles laisse habitants et propriétaires sous le choc

2024-09-27

Les affaires de Pierre* sont prêtes, rassemblées dans des sacs, témoignant d’une vie mise en suspens. Mardi 24 septembre, une annonce inquiétante a été faite : il doit quitter son appartement d'ici vendredi, suite à deux arrêtés pris par la mairie d'Échirolles. Tous les résidents du Carrare, un immeuble au cœur de la ville, sont sommés de partir. La raison ? Le danger de mort encouru par les habitants, dû à des risques d'incendie et électriques accrus.

Un rapport d'expertise, remis à la maire, Amandine Demore, révèle que la dégradation des installations électriques du bâtiment est alarmante. Deux départs de feu ont été constatés, et des câbles nus se trouvent dans les parties communes, prenants en otage la sécurité des résidents, condamnée par des actes de délinquance liés à un trafic de drogue endémique.

L'évacuation permettra également de sécuriser cet immeuble qui abrite 80 appartements, dont bon nombre sont occupés illégalement. Pierre, lui, est dans l’incertitude : "Je ne sais pas où je vais dormir", confie-t-il, ayant tenté de contacter son agence immobilière sans succès. Malgré le dispositif d'accueil de la mairie avec les services sociaux, Pierre préfère ne pas s'adresser aux autorités. La situation est complexe pour de nombreux résidents, dont certains sont des travailleurs jeunes et d'autres plus âgés, comme François*, propriétaire de plusieurs appartements dans l'immeuble, qui souligne des dégradations continues dues au trafic de drogue.

Il faut rappeler que ce problème ne date pas d'hier. Alexandre, un ancien résident, évoque des incursions de la police pour lutter contre le trafic. Les choses ont empiré récemment ; "Le trafic est plus fort et plus dur qu'avant", affirme une habitante, assoiffée de sécurité, après avoir entendu des coups de feu dans le quartier. En effet, les statistiques rapportent deux blessés par balle retrouvés dans l'immeuble en une semaine en août dernier.

La municipalité a fait des efforts pour s’attaquer à la situation, mais le constat est que les actions manquent de résultat. Le procureur de Grenoble, Eric Vaillant, a précisé que l'évacuation temporaire est un pas nécessaire pour mettre fin à ce point de deal notoire. La sécurité dans le quartier est mise en jeu : Yassine Lakhnech, président de l'Université Grenoble-Alpes, a alerté sur la possibilité d'un déménagement si la sécurité n'est pas assurée.

Il est essentiel que les autorités prennent des mesures conséquentes face à cette crise, pour éviter que d'autres habitants ne se retrouvent dans la même incertitude que Pierre et ses voisins. Ce n’est pas seulement une question de relogement, mais d’assurer un cadre de vie décent et sécurisé pour tous dans cette partie de Grenoble.

* Les prénoms ont été modifiés à la demande des témoins.