« Je gagne 970€ par mois » : les AESH en colère réclament des changements urgents
2025-01-15
Auteur: Sophie
Ce jeudi, les Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap (AESH) se mobilisent pour revendiquer des mesures solides « pour sortir de la précarité ». Catie Bouchu-Mocoeur, représentante du SNUipp, souligne son salaire de seulement 970€ par mois. AESH depuis 2009 dans une école de Ruelle, elle supervise actuellement deux enfants. « Je travaille 24 heures par semaine. Je suis classée à 60%, mais ce temps partiel n’est pas un choix que j’ai fait », déclare-t-elle, exprimant son désespoir face à une situation financière intenable. D'ailleurs, de nombreux collègues cumulent un second emploi, mais cela nécessite une autorisation de l'Éducation nationale.
« J’adore mon métier », confie Catie, qui a persisté par passion, espérant des améliorations professionnelles. À 60 ans, la reconversion est difficile. Il y a eu quelques avancées, comme une prime mensuelle de 10%, la possibilité de recevoir une prime pour le personnel travaillant en éducation prioritaire, où la majorité (90%) des AESH sont des femmes, ainsi qu’un CDI automatique après trois années de CDD.
Cependant, ces réformes sont jugées insuffisantes par les syndicats mobilisés (FSU, CGT Éduc'action, Sud Éducation, et SNALC) qui exigent la reconnaissance d’un temps plein basé sur 24 heures de présence devant les élèves, à l'instar des enseignants. De plus, ils réclament la création d’un corps de fonctionnaires pour les AESH, qui, pour l'instant, sont considérés comme contractuels, ainsi qu’une augmentation significative des salaires.
Laurent Fredou, AESH au collège Jules-Verne à Angoulême, s’exprime en ces termes : « Nous avons une grille salariale, mais elle est risible. En moyenne, nous gagnons entre 25 et 30€ de plus tous les trois ans. » Laurent, 59 ans et l’un des rares à travailler à temps plein, touche actuellement le SMIC. Il souligne la difficulté de gérer plusieurs enfants, car certains collègues en ont à leur charge jusqu'à cinq.
La profession a beaucoup évolué depuis son arrivée en Charente, où ils étaient seulement 60 au départ. Aujourd'hui, le nombre d'AESH a explosé pour atteindre environ 750. C'est une réalité qui démontre la demande croissante de soutien pour les élèves en situation de handicap, confirmée par Claire Boulanger, une AESH de Saint-Yrieix, qui affirme : « Tous les enseignants reconnaissent notre importance. Sans nous, de nombreux enfants ne pourraient pas être scolarisés. » Malgré cela, elle ne participera pas à la grève, conscience que ses moyens financiers ne lui permettent pas de perdre une journée de salaire.
Claire, 45 ans, se plaint également du manque d'attractivité de ce métier : « Je devrais m’occuper de deux enfants, mais en réalité, j’en gère quatre, car nous manquons de personnel. » Cette situation s'avère problématique alors que le nombre d'élèves ayant besoin d’une aide AESH ne cesse d’augmenter. Elle rappelle son propre parcours, ayant dû batailler pour que son fils obtienne une AESH, alors que le discours institutionnel tourne autour de l’inclusivité scolaire.
Les AESH en France sont en première ligne d'une crise qui ne demande qu'à être entendue. Les revendications tant attendues et l'appel à à l'action devraient éveiller les consciences sur l'importance cruciale de leur rôle dans le système éducatif.