Divertissement

Inoxtag et l'Everest : un documentaire viral qui dénonce la pollution de la montagne la plus haute du monde

2024-09-20

Des débris de tentes, des emballages de repas déshydratés et divers déchets s'accumulent dans le cadre envoûtant des neiges éternelles à près de 7 950 mètres d'altitude… La scène tournée par le youtubeur français Inoxtag, de son vrai nom Inès Benazzouz, au camp IV – dernière étape avant le sommet de l'Everest – est particulièrement percutante. Bien que cette séquence ne dure qu'une minute, le documentaire *Kaizen : un an pour gravir l'Everest* (2024) met en lumière un problème de pollution qui perdure depuis des décennies.

Depuis l'ouverture de l'Everest aux alpinistes en 1950, le nombre d'ascensions a considérablement augmenté. Lors de la dernière saison, pas moins de 421 permis ont été délivrés, contre seulement 118 en 2000. Ce phénomène de surfréquentation, illustré dans le documentaire publié sur YouTube le 14 septembre et déjà vu plus de 25 millions de fois, soulève de vives inquiétudes. « Wesh, c’est quoi ce bordel ! » s’exclame Inoxtag en découvrant un véritable embouteillage d’alpinistes au glacier du Khumbu, décrit par son guide de montagne, Mathis Dumas, comme « l’enfer sur terre ».

Luc Boisnard, un alpiniste français et fondateur du projet *Himalayan Clean-up*, souligne que durant les premières expéditions, il était courant de laisser du matériel sur place pour redescendre plus vite. Ce comportement persiste : de nombreux alpinistes jettent leurs déchets à haute altitude, rendant la montagne encore plus polluée.

En 2024, environ 11 tonnes de déchets ont été retirées de l’Everest par l'armée népalaise, mais le travail de nettoyage reste titanesque. Chaque année, des tentes, batteries usagées, et autres objets trouvent refuge dans les neiges éternelles. « En 2001, j'ai moi-même descendu presque une tonne de déchets », explique Boisnard, qui se consacre aujourd'hui à la dépollution du Makalu et de l'Annapurna.

Les initiatives de nettoyage sont compliquées par les conditions extrêmes dans les camps les plus élevés, nécessitant des ressources humaines considérables. Selon Boisnard, un alpiniste peut porter avec difficulté entre 20 et 30 kilos, complétés par de longs jours d'ascension en fonction de la météo.

La montée de l'alpinisme représente un vrai levier économique pour le Népal, où 44 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon Oxfam. Les agences d’expédition exploitent cette manne en proposant des services de luxe, rendant l'accès à la montagne plus tentant que jamais. Marion Chaygneaud-Dupuy, pionnière du premier projet de nettoyage du versant nord de l'Everest, observe une évolution notable : « Le confort des grimpeurs a considérablement augmenté, mais cela génère de nouveaux types de pollutions, comme des déchets électroniques et des médicaments qui contaminent l'eau des glaciers.

Il est clair que ce sujet mérite une attention urgente, car l'équilibre fragile de cet environnement unique est menacé. Que faire pour soutenir la dépollution et préserver cet emblème montagnard pour les générations futures ? Les questions sont lancées.