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INFOGRAPHIES. Marchés instables, ménages inquiets : la politique imprévisible de Donald Trump secoue l'économie américaine

2025-03-14

Auteur: Léa

Les revirements incessants de Donald Trump plongent l'économie américaine dans l'incertitude. Depuis son retour au pouvoir et le début d'une guerre commerciale avec ses partenaires historiques, les consommateurs, les investisseurs et les marchés financiers sont dans le flou. Il a récemment annoncé une première série de droits de douane de 50 % sur l'acier et l'aluminium canadiens, avant de revenir rapidement sur cette décision pour imposer finalement une taxe de 25 % le lendemain. "Une telle fluctuation de politique n'est pas favorable aux affaires," avance l'économiste Maria Demertzis du Centre de réflexion Conference Board en Europe. "Les acteurs économiques ont besoin de stabilité pour pouvoir s'adapter."

La situation sur les marchés est préoccupante. Lundi, à New York, le Dow Jones a chuté de 2,08 %, et le Nasdaq, représentant les valeurs technologiques, a plongé de 4 %. Tesla a vu son action dégringoler de 15 %, poussant Trump à déclarer son soutien en promettant d'acheter une nouvelle voiture de la marque, en faveur de son allié Elon Musk. Le S&P 500 a également reculé de 2,70 %.

Les acteurs économiques, espérant des mesures favorables en matière de fiscalité et de réglementation sous Trump, commencent à désespérer. "La volatilité de la politique américaine suscite une crainte bien connue de stagnation économique," résume Mohamed El-Erian, président du Queens College de Cambridge (Royaume-Uni) dans le Financial Times. Les indices européens et asiatiques ont également subi des baisses lundi, témoignant de l'effet domino des décisions américaines.

L'impact inflationniste d'une hausse des droits de douane semble inévitable. Trump mise sur une "réindustrialisation" du pays visant à inciter les entreprises étrangères à produire sur le sol américain. Cependant, cette stratégie pourrait rapidement se retourner contre lui, comme l'explique l'économiste indépendante Véronique Riches-Flores : "L’augmentation des tarifs fera grimper les prix, ce qui pourra affecter la consommation et les marges bénéficiaires des entreprises."

Ce protectionnisme pourrait ainsi provoquer une montée de l'inflation, avertit-elle. De plus, les tensions économiques s'intensifient à l'égard des trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis – le Canada, le Mexique et la Chine – avec des importations touchées par des droits de douane accrus. Urszula Szczerbowicz, professeure d'économie à Skema Business School, souligne le défi de remplacer les produits importés par des alternatives domestiques, notant que "le choc inflationniste imminent et les coupes d'emplois au sein de l'administration sont autant d'éléments qui peuvent envoyer l'économie vers la récession."

En dépit de cela, les derniers chiffres de l'inflation publiés par le ministère du Travail montrent une augmentation de 2,8 % en février sur un an, inférieure à la prévision de 3 % en janvier. Bien que cela reste au-dessus de l'objectif de 2 % de la Réserve fédérale, l'existence de stocks réalisés par les entreprises avant l'instauration des nouvelles taxes pourrait temporairement masquer l'impact de ces dernières. Les prévisions d'un inflation moyenne de 3,2 % pour le premier trimestre 2025 commencent à émerger, prévenant d'un assouplissement de la situation qu'à la fin de l'année.

La confiance des consommateurs est également en berne, comme le montre un indice du Conference Board tombé à 98,3 points en février, son plus bas en deux mois. L'OCDE indique qu'un indice inférieur à 100 reflète un pessimisme économique croissant, incitant les ménages à épargner plus et à consommer moins. Les résultats des sondages montrent une préoccupation grandissante pour l'état futur de l'économie, et une possible récession sur les douze mois à venir commence à préoccuper les foyers.

Les incertitudes politiques engendrent un "wait and see" général chez les investisseurs, qui choisissent d'attendre davantage de clarté avant de s'engager financièrement. Ceci pourrait retarder des investissements cruciaux, ralentissant ainsi la croissance de l'économie. En attendant, la réponse de l’administration Trump face à ces incertitudes reste floue. Bien que des mesures de relance budgétaire puissent être attendues, les responsables semblent prêts à accepter certaines perturbations économiques comme coût nécessaire à leur programme. Il est essentiel de surveiller l'évolution des tarifs douaniers, qui sont actuellement à leurs niveaux les plus élevés depuis longtemps. L'histoire récente nous rappelle que la politique commerciale de Donald Trump, déjà marquée par des actions similaires durant son premier mandat, pourrait amener l'économie vers des limites intéressantes, voire instables.