"Ils ont réussi à me faire taire" : Un cri du cœur pendant la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma
2024-12-21
Auteur: Philippe
Judith Godrèche, actrice emblématique et l'une des voix du mouvement #MeToo en France, a exprimé des préoccupations sur le "silence" des "puissants" du cinéma lors de son audition devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les violences sexuelles. Alors que cette commission, qui a redémarré ses travaux à l'automne, avait été mise en pause suite à la dissolution, Godrèche rappelle l’importance de cette enquête qu'elle a eux-mêmes souhaitée en début d'année.
Sara Forestier est l'une des personnes ayant témoigné. L'actrice a accablé Nicolas Duvauchelle, l'accusant de l'avoir giflée au cours d'une production en 2017, ce qu'il conteste avec véhémence. Forestier a partagé des détails troublants de cette expérience sur le tournage, incluant des problèmes de santé qu'elle a subis et l’hostilité ressentie par la suite au sein de l’équipe. Son récit dépeint un environnement où l'abus et la manipulation ont été monnaie courante, révélant une pression intense pour rester silencieuse.
"On met la poussière sous le tapis et la victime doit encaisser", a-t-elle déclaré devant la commission, soulignant ainsi la culture du silence qui prévalait dans l'industrie.
Un autre témoignage poignant a été celui de Nina Meurisse, qui a évoqué une scène difficile tournée à l'âge de 10 ans, où elle a été placée dans des situations inappropriées et traumatisantes. Elle a décrit son choc et son inconfort face à un jeune acteur dans une scène de viol, ainsi que la pression de l'équipe de tournage qui a amplifié son traumatisme.
Anna Mouglalis, quant à elle, a mis en lumière les abus qui peuvent se produire dès les phases de casting, en partageant des expériences où on lui a imposé des situations inappropriées en raison de son statut d'actrice. Elle a fait état des horreurs qu'elle a endurées, notamment une rencontre avec le psychanalyste Gérard Miller, contre qui plusieurs femmes ont porté des accusations d'agression.
La discussion s'est intensifiée lorsque Judith Godrèche a pris la parole pour partager son expérience d'emprise avec un réalisateur qui a été mis en examen. Elle évoque sa "nouvelle vie" et la difficulté de trouver du soutien dans ce milieu qui semble avoir échappé à tout contrôle moral.
Les députés présents sont apparus bouleversés par ces récits, allant jusqu'à exprimer leur émotion et leur empathie. La présidente de la commission, Sandrine Rousseau, a souligné la nécessité de faire face à cette réalité et à la peur persistante qui entoure le témoignage des victimes : "Je n'ai pas vu un homme trembler ici", a-t-elle déclaré, révélant une dissonance troublante dans les témoignages présentés.
Cette commission d’enquête pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles dans l’industrie du cinéma. Les récits de ces femmes illustrent un système qui, trop souvent, a permis aux abus de perdurer en toute impunité.