Ilham Kadri, la dirigeante franco-marocaine de Syensqo, ex-filiale du géant chimique belge Solvay, a déjà empilé près de 26 millions d’euros en bonus en seulement deux ans, un montant totalement inédit en Belgique, avec la possibilité d'atteindre 33,2 millions d'euros d’ici 2026. Son ascension fulgurante à la tête de Syensqo, qui a vu le jour suite à une scission stratégique au sein de Solvay en 2023, fait grand bruit dans le monde des affaires.

Kadri a fait la une de la presse en 2023 après qu’il a été révélé qu'elle toucherait un bonus de 12 millions d'euros pour avoir efficacement orchestré la séparation des activités traditionnelles de Solvay et celles de Syensqo, axées sur la production de matériaux innovants destinés à des secteurs clés tels que l’énergie, les semi-conducteurs et les batteries, notamment dans le cadre de la transition énergétique actuelle.

Cependant, la controverse ne s'arrête pas là. À l'époque, près d'un tiers des actionnaires avaient voté contre ce bonus jugé exceptionnel, ignorant que la PDG, recrutée en 2019 pour insuffler une nouvelle dynamique à Solvay, récolterait en fait beaucoup plus en raison de son rôle dans la croissance des activités du groupe et la réduction de l'endettement consécutif à l’acquisition de Rhodia, anciennement Rhône-Poulenc, en 2015.

Ilham Kadri, qui a également la lourde tâche de gérer le lancement et l’introduction en Bourse de Syensqo, pourrait bien enflammer le débat sur les rémunérations des grands dirigeants. Alors que les rémunérations des dirigeants continuent de susciter l'indignation et de soulever des questions d'équité, l’avenir de Syensqo s’annonce prometteur sous sa direction, mais à quel coût pour les actionnaires ? Le grand public attend désormais de voir si ces fonds seront réellement investis dans l’innovation et le développement durable.