IA : Découvrez pourquoi Meta s'oppose à la réglementation européenne!
2024-09-19
Auteur: Philippe
Dans le monde de la technologie, la résistance face à la réglementation européenne est de notoriété publique. Dernièrement, Meta a franchi une nouvelle étape en publiant une lettre ouverte le 19 septembre, en compagnie de géants comme Spotify et Criteo, où ils expriment leurs inquiétudes concernant une réglementation qu'ils considèrent « fragmentée et incohérente » au sein de l'Union Européenne. Selon eux, cela freine l'essor de l'intelligence artificielle (IA) en Europe, la rendant « moins compétitive et moins innovante ».
Les signataires de cette lettre ciblent particulièrement le Règlement général sur la protection des données (RGPD), en vigueur depuis 2018, qu'ils affirment avoir généré une multitude d’incertitudes quant aux types de données pouvant être utilisées pour former les systèmes d’IA.
L’accès aux données est le nerf de la guerre. Ce conflit entre Meta et l'Union européenne n'est pas récent : il remonte au printemps dernier. En juin, Meta a modifié sa politique de confidentialité, annonçant qu'elle prévoyait d'utiliser des images et des textes publiés par les utilisateurs, même sur des pages privées, pour alimenter ses modèles d’IA. Cette annonce a déclenché une série de plaintes de la part de l’association de protection des données None of your business (NOYB), animée par l’activiste Max Schrems, et a suscité la colère de milliers d'utilisateurs. Face à ces réclamations, la société a rapidement fait marche arrière en décidant de ne plus collecter de données en Europe.
En juillet, Meta a fait un pas encore plus audacieux en déclarant que ses nouveaux modèles de langage multimodaux, capables de produire du texte, des images ou même des vidéos, seraient indisponibles pour les utilisateurs européens. Cela signifie que les Européens seraient privés des dernières avancées d'IA sur des plateformes comme Instagram et Facebook, et ne pourraient pas accéder aux nouveaux modèles qui sont supposés être en accès libre.
Joëlle Pineau, vice-présidente de la recherche en IA de Meta, a argumenté qu'il serait imprudent de fournir aux utilisateurs européens des modèles formés uniquement avec des données nord-américaines, car cela diminuerait la richesse et la diversité des langues et des cultures représentées.
L'intelligence artificielle a besoin de diversité pour se développer efficacement. Le modèle Llama de Meta, par exemple, a dépassé les 350 millions de téléchargements dans le monde, attirant des chercheurs et des entreprises développant des applications basées sur ce modèle. En se fermant à ces développements, Meta non seulement restreint le marché européen, mais nuit également à la compétitivité de ce secteur au sein de l'Union Européenne.
Ce besoin en données n'est pas juste une question de quantité, mais aussi de qualité. La recherche montre qu'il existe une corrélation directe entre la qualité des données et la performance des modèles d’IA. Meta, comme ses concurrents, doit constamment alimenter ses modèles, sinon ils risquent de stagner. C’est pourquoi la course pour collecter des données est devenue aussi intense.
Pour compenser la difficulté d'accéder à des données de qualité, certains acteurs essayent d'utiliser des données synthétiques, générées par des IA. Mais, comme l'on fait remarquer, ces données ne garantissent pas une qualité fiable. Joëlle Pineau déclare, « les données synthétiques manquent souvent de diversité », rendant ainsi leur utilisation contenant parfois problématique.
Enfin, Meta s’inquiète que les incertitudes liées à la réglementation puissent penser à un ralentissement de leur progression face à la concurrence mondiale dans le domaine de l'IA. Au Brésil, par exemple, l’autorité nationale de protection des données avait demandé à Meta de suspendre la collecte de données, ce qui a mis l’entreprise dans une situation précaire. « Meta est dans une excellente position pour rivaliser dans ce paysage complexe, mais des obstacles comme ceux-ci nuisent à notre rapidité de mise en œuvre », conclut Pineau.
Ainsi, alors que Meta affiche une volonté de progresser et d’innover, la réglementation en Europe pourrait bien devenir un axe central de tensions entre ambition technologique et préservation des droits des utilisateurs.