Hydrogène : nouvelle taxe en vue, un coup dur pour l'industrie ?
2025-01-20
Auteur: Léa
L'adoption de l'article 7 septies dans le cadre du projet de loi de finances 2025 par le Sénat a provoqué des vagues d'inquiétude parmi les acteurs de la filière hydrogène. Ce nouvel article prévoit une taxation du gaz naturel utilisé pour la production d'hydrogène par vaporéformage, une méthode cruciale pour plusieurs secteurs clés comme la chimie et le raffinage. Trois fédérations industrielles, à savoir Ufip Énergies et Mobilités, France Chimie et France Gaz, alertent sur les conséquences potentielles de cette mesure. Quels impacts cela aura-t-il sur ces industries et sur la transition énergétique en France ?
Hydrogène : déjà une production coûteuse
En France, la vapeur d'eau représente 94 % de l'hydrogène produit, soit près d'un million de tonnes par an. Bien que ce procédé émette 11,5 millions de tonnes de CO₂ par an (ce qui constitue environ 3 % des émissions nationales), il est encore indispensable pour répondre aux besoins industriels. L'introduction d'une nouvelle taxe, dans un contexte où les producteurs européens font face à un surcoût de 30 €/MWh à cause des prix du gaz et du marché carbone, pourrait à la fois exacerber le désavantage compétitif des entreprises françaises par rapport à leurs homologues nord-américains. Paradoxalement, cette mesure censée encourager la décarbonation pourrait altérer les investissements nécessaires pour le développement d'alternatives plus durables, telles que l'électrolyse de l'eau, qui reste encore insuffisamment mature pour faire face à la demande actuelle.
Des secteurs déjà en danger
Les industries touchées, notamment la chimie et le raffinage, sont déjà soumises à une concurrence internationale accrue. Ces secteurs, vitaux pour l’économie française, subissent des pressions constantes. Récemment, plusieurs usines d'engrais, incapables de répercuter les hausses de coûts sur les agriculteurs, ont dû fermer, comme l'usine Yara située à Montoir-de-Bretagne, qui a interrompu sa production d'engrais chimiques en octobre 2023, entraînant la suppression de 139 postes. Le raffinement a également été affecté, avec des fermetures de sites qui ont affaibli la capacité nationale à transformer le pétrole. La mise en place de cette nouvelle taxe pourrait créer davantage de situations similaires, entraînant pertes d’emplois et fragilisation de la chaîne de production. De plus, les objectifs de neutralité carbone inscrits dans les contrats de transition écologique avec l'État pourraient être sérieusement compromis.
Une entrave à la transition énergétique ?
Alors que l'hydrogène est présenté comme un vecteur clé pour décarboner l'industrie et le transport, cette taxation semble contradictoire avec les ambitions climatiques de la France. En freinant les investissements dans les technologies innovantes comme le captage et le stockage de CO₂, ou dans la production d'hydrogène bas carbone, cette mesure pourrait retarder l'émergence de solutions durables. Cette taxe pourrait également dissuader les industriels de s'engager dans des démarches de transition énergétique onéreuses, pourtant cruciales pour atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2050. Selon UFIP Énergies et Mobilités, « rien ne justifie cette taxe qui affaiblit les usines françaises et compromet leur feuille de route de décarbonation ». Il est impératif que des mesures fortes soient prises pour répondre à l'urgence climatique, mais celles-ci doivent être adaptées aux réalités industrielles. Une fiscalité réfléchie pourrait encourager les investissements dans des solutions de production d'hydrogène bas carbone tout en préservant la compétitivité des entreprises françaises. Au lieu de pénaliser les secteurs déjà en difficulté, il serait plus judicieux d'accompagner leur transformation par des incitations ciblées et des partenariats public-privé.
Conclusion : vers un dialogue constructif ?
La taxation du gaz naturel utilisé pour la production d'hydrogène soulève des interrogations essentielles sur l'équilibre entre transition écologique et compétitivité économique. Face à ces défis, le dialogue entre les pouvoirs publics et les fédérations industrielles sera crucial pour élaborer des solutions adaptées et durables. Il est temps que toutes les parties prenantes se mettent autour de la table pour éviter que des décisions précipitées n'entraînent des conséquences catastrophiques sur l'emploi et l'innovation en France. Que faire ? Vos réactions sont les bienvenues.