Monde

Haïti : un autre souffle politique, le premier ministre destitué !

2024-11-10

Auteur: Marie

Une tempête politique s'est abattue sur Haïti alors que le conseil présidentiel de transition a décidé de limoger Garry Conille, le premier ministre en poste depuis à peine cinq mois. L'annonce de cette décision, qui sera officialisée dans le journal officiel prévu pour lundi, a été rapportée par l'Agence France-Presse (AFP) le 10 novembre.

Garry Conille, dont la mission était de redresser le pays en proie au chaos et à la violence des gangs, va être remplacé par Alix Didier Fils-Aimé. Cet homme d'affaires, ancien candidat au Sénat en 2015 et ex-président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Haïti, est perçu comme un homme d'expérience dans un contexte où la stabilité politique est plus que jamais un enjeu crucial. Diplômé de l’université de Boston, il avait déjà été envisagé pour le poste de premier ministre avant la nomination de Conille.

La sortie de Garry Conille fait suite à des semaines de tensions entre ce dernier et le conseil de transition, qui avait exprimé le désir de remanier plusieurs postes clés du gouvernement, y compris ceux des ministères de la justice, des finances, de la défense et de la santé, sans l'accord du premier ministre, selon le Miami Herald.

Conille a dénoncé la décision du conseil comme étant entachée d'illégalité, faisant part de ses préoccupations dans un courriel correspondant à un responsable du journal officiel auquel l’AFP a eu accès.

L'Haïti de 2023, déjà confrontée à une instabilité politique chronique depuis des décennies, fait face à une recrudescence inquiétante de la violence des gangs, qui détiennent un contrôle alarmant sur 80 % de la capitale, Port-au-Prince. En conséquence, la sécurité est devenue une priorité, mais les choix politiques se révèlent souvent contestés, jusqu'à provoquer des tensions internes.

Depuis l'assassinat de Jovenel Moïse en 2021, Haïti est sans président, et la situation se rehausse de complexité, notamment avec des autorités de transition qui ont la lourde tâche de restaurer l'ordre et d'organiser des élections. Le dernier scrutin remonte à 2016, témoignant d'un long vide démocratique qui pèse sur le pays.

Récemment, lors d'une visite à Port-au-Prince, Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, avait insisté sur la nécessité pour les autorités de transition de s'engager rapidement vers les élections. La pression internationale s'intensifie alors que les Haïtiens continuent de souffrir des conséquences d'un climat anarchique.

Garry Conille, médecin de 58 ans, avait déjà été premier ministre d’Haïti entre 2011 et 2012. Son mandat récent avait été marqué par des défis tels qu'une évacuation précipitée d'un quartier de Port-au-Prince cet été, suite aux violences des gangs.

La situation des gangs, qui se sont unis contre l'ancien premier ministre Ariel Henry dans un contexte de rivalité meurtrière, ne fait qu'aggraver la crise humanitaire. Avec plus de 700 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ayant fui leur domicile à cause de la violence, l’appel à l’aide humanitaire est plus urgent que jamais.

Les Nations unies ont récemment averti d'une aggravation des niveaux de faim en Haïti, exacerbée par la violence persistante et la déstabilisation. La mission multinationale de soutient à la police – principalement menée par des forces kényanes – peine à faire une différence significative alors que les troubles perdurent. L’ONU et les États-Unis sont sérieusement engagés à tenter de restaurer un semblant de paix, mais la route s'annonce longue et semée d'embûches.

Cet épisode patriotique et tumultueux semble encore une fois redéfinir le paysage politique haïtien. Comment la transition actuelle parviendra-t-elle à surmonter ces défis ? L'avenir d'Haïti reste suspendu à un fil.