Le chancelier allemand Olaf Scholz a eu un échange téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine vendredi, marquant le premier contact depuis près de deux ans. Cet appel, d'une durée d'une heure, a été confirmé par une source au sein du gouvernement allemand.

Lors de cet appel, Olaf Scholz a exhorté Vladimir Poutine à retirer ses troupes d'Ukraine et à entamer des négociations avec Kiev. Le gouvernement allemand a précisé dans un communiqué que Scholz a souligné l'importance d'une « volonté de négocier » pour parvenir à une « paix juste et durable » et a réitéré l'engagement indéfectible de l'UE envers l'Ukraine. Avant cet entretien, Scholz avait également discuté avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Du côté russe, Poutine a déclaré que de futurs accords devaient prendre en compte les intérêts de la Russie en matière de sécurité et doivent s'adapter aux nouvelles réalités territoriales, tout en abordant les racines du conflit. Le Kremlin a caractérisé la conversation comme un « échange de points de vue détaillé et franc ».

L’Ukraine n'a pas tardé à réagir, dénonçant cet entretien comme une « tentative d'apaisement » qui ne pourrait mener à rien de constructif. Le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Guéorgui Tykhy, a affirmé qu'« des actions concrètes et puissantes » étaient nécessaires pour pousser la Russie vers la paix, plutôt que de simples discussions.

Quant au Premier ministre polonais, Donald Tusk, il a salué le fait que Scholz ait affirmé à Poutine que rien ne pouvait être décidé concernant l'Ukraine sans la participation de ce pays, assurant que Scholz avait clairement condamné l'agression russe.

Poutine a été largement isolé sur la scène internationale, n'ayant pas eu de contact avec la majorité des dirigeants occidentaux depuis l'imposition de sanctions massives à la Russie en réponse à l'invasion de l'Ukraine. De nombreux dirigeants, de Joe Biden à Emmanuel Macron, ont refusé de dialoguer avec lui, à l'exception notable du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán.

En novembre, Poutine avait exprimé son regret concernant l'absence de communication avec les dirigeants occidentaux, se déclarant ouvert à un rétablissement des contacts.

Au milieu de cette impasse diplomatique, l'Allemagne demeure le principal fournisseur d'armement pour l'Ukraine, après les États-Unis, depuis le début de l'invasion russe en 2022. Cette conversation intervient alors que l’Ukraine se prépare à affronter son troisième hiver sous les attaques russes, avec de nombreuses infrastructures énergétiques déjà gravement endommagées ou détruites. Avec des incertitudes quant à l'avenir du soutien militaire américain, notamment en cas de victoire de Donald Trump lors des élections présidentielles, l'avenir du soutien à l'Ukraine reste flou.

Un appel à l'action et à une solidarité internationale renforcée se fait sentir alors que la guerre en Ukraine continue de peser sur la stabilité de l'Europe.