Guerre en Ukraine : L'arrêt du transit du gaz russe plonge l'Europe de l'Est dans la tourmente
2024-12-27
Auteur: Michel
La fin du transit du gaz russe par l'Ukraine approche à grands pas, une décision annoncée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui aura des répercussions majeures sur la Slovaquie, la Moldavie et, dans une certaine mesure, la Hongrie, tous encore très dépendants des importations de gaz.
Actuellement, la Russie acheminait son gaz vers l'Europe par deux principaux itinéraires suite au sabotage du gazoduc Nord Stream en septembre 2022. Le premier est le gazoduc TurkStream, qui se prolonge par le Balkan Stream sous la mer Noire, vers des pays tels que la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie.
Le deuxième itinéraire, celui traversant l'Ukraine, est régi par un contrat de cinq ans entre les compagnies ukrainiennes Naftogaz, GTSOU et le géant russe Gazprom, qui doit cesser son fonctionnement le 1er janvier 2025. Avec un volume de 14,65 milliards de m³ en 2023, ce transit représente presque la moitié des exportations totales de gaz russe vers l'Europe, d'après des chiffres officiels.
Slovaquie en crise : une dépendance coûteuse
La Slovaquie se trouve en première ligne. Contrairement à l’Autriche qui a importé 90 % de son gaz de Russie cet été, les autorités slovaques ont exprimé leur volonté de maintenir leur contrat avec Gazprom, selon Andras Deak, expert à l’université Ludovika de Budapest. Le Premier ministre nationaliste Robert Fico a récemment effectué un voyage à Moscou, suscitant les accusations de Zelensky, qui l'accuse de favoriser le financement de la guerre par Poutine.
La Slovaquie privilégie le gaz russe, car il est moins coûteux, comme l'indique Alexander Duleba du centre de recherche slovaque de politique étrangère. Le gouvernement doit faire face à une réalité économique difficile si des alternatives plus lointaines doivent être privilégiées.
Moldavie : un scénario catastrophe imminent
La Moldavie, de son côté, se prépare déjà à des coupures de courant. Malgré des efforts de diversification énergétique, cette ex-république soviétique dépend encore à 70 % de son électricité produite par la centrale thermique de Cuciurgan, liée au gaz russe transitant par l'Ukraine. La présidente pro-européenne Maia Sandu a récemment dénoncé un « chantage à l'obscurité » exercé par le Kremlin, alors que le pays se prépare à des législatives cruciales.
Dans ce climat tendu, l'état d'urgence énergétique a été déclaré, forçant la Moldavie à acheter de l'électricité à des prix élevés auprès de la Roumanie, aggravant ainsi la situation économique d'un pays déjà parmi les plus pauvres d'Europe.
Hongrie : une situation moins critique, mais des menaces persistent
La Hongrie semble moins touchée par cette crise, ayant principalement recours au gaz russe par TurkStream. Néanmoins, le Premier ministre Viktor Orbán a insisté sur le fait qu’il ne souhaitait pas abandonner cet approvisionnement. Des négociations sont en cours avec Moscou et Kiev pour garantir des prix raisonnables. Orbán a même cité une « astuce » pour acheter le gaz russe avant qu'il ne pénètre en Ukraine, affirmant qu'il serait alors considéré comme du gaz hongrois.
Cependant, des experts comme Andras Deak préviennent que la Hongrie pourrait devenir l'un des derniers clients de Gazprom au sein de l'UE, l'exposant à une pression politique croissante de la part de Bruxelles pour qu'elle réduise sa dépendance. Au final, cette situation pourrait déboucher sur une nouvelle crise énergétique pour l'ensemble de la région.