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Guerre en Ukraine : Drogues et 'courage liquide' chez les soldats russes

2024-12-15

Auteur: Philippe

Tout au long de l'histoire, les conflits militaires ont été accompagnés de l'utilisation de drogues par les soldats. De la pervitine utilisée par les troupes nazies en Allemagne à la dexédrine des soldats américains durant la guerre du Vietnam, chaque guerre a son lot de substances qui accompagnent les combattants. L'invasion de l'Ukraine, orchestrée par Vladimir Poutine le 24 février 2022, ne fait pas exception à cette règle. Depuis le début des hostilités, les forces ukrainiennes rapportent que des prisonniers russes sont souvent sous l'influence de diverses drogues. Dans la région de Pokrovsk, à l'est de l'Ukraine, où les combats sont particulièrement intenses, certains soldats ukrainiens affirment que leurs adversaires consomment du promedol, un médicament opioïde analgésique.

Le promedol n'est pas la première substance à faire son apparition sur le champ de bataille. En mai 2023, un rapport du think tank britannique Royal United Services Institute accusait les forces russes d'utiliser des amphétamines. Cependant, l'expert polonais Łukasz Kamiński souligne que peu d'informations vérifiées circulent concernant l'usage de drogues par les soldats russes en Ukraine, une situation compliquée par la désinformation présente de part et d'autre.

Pourquoi un soldat choisirait-il de s’automédicamenter ? Sur le terrain, entre les tranchées et les bombardements, il est compréhensible que certains soldats cherchent à apaiser la douleur, à surmonter la peur ou à oublier les horreurs de la guerre. Comme l'indique Erwan Pointeau Lagadec, historien spécialisé dans le sujet, les drogues psychotropes ont été utilisées par le passé pour ces mêmes raisons, notamment pour souder les hommes entre eux en temps de guerre.

Les amphétamines, en particulier, sont connues pour réduire l’inhibition et permettre aux soldats d'agir sans tenir compte du danger, tandis que d'autres substances aident à faire face au stress post-traumatique. Un rapport américain de 1974 révélait que 98 % des soldats américains durant le Vietnam avaient consommé de l'opium, tandis qu'une proportion significative avait également eu recours à l'héroïne et aux amphétamines. Norman Ohler, journaliste et auteur, met en avant un usage cynique des drogues dans la guerre, soulignant que tout cela montre à quel point la vie humaine peut sembler insignifiante pendant un conflit.

Le promedol, bien qu'un tranquillisant, ne peut pas améliorer les performances militaires à la manière des stimulants, mais cela ne signifie pas que d'autres substances ne sont pas présentes. L’alcool, ancien compagnon des soldats dans les armées à travers l’histoire, figure souvent parmi les options choisies. Pendant la Première Guerre mondiale, par exemple, les soldats français recevaient quotidiennement des rations de vin et la vodka a toujours été une boisson prisée par les troupes russes. Ce "courage liquide", terme désignant la bravoure temporaire engendrée par l'ivresse, est bien documenté dans les correspondances des soldats.

Erwan Pointeau-Lagadec rappelle également que l'usage d'alcool au sein de l'armée russe est un phénomène ancien et répandu. Si l'utilisation d'opioïdes comme le promedol par les soldats russes est possible, il est encore prématuré d’affirmer que cela constitue un phénomène généralisé justifiant leur comportement sur le champ de bataille. Seule l'issue de ce conflit et des recherches ultérieures permettront de déterminer l'ampleur de cette consommation et son impact sur l'armée russe.