Alors que la tension monte entre les États-Unis et l'Europe sous l'impulsion de Donald Trump, l'Union européenne se prépare à riposter. Sa cible principale ? Les célèbres GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.

L'UE envisage plusieurs mesures pour contrer les effets de la guerre commerciale lancée par Trump. Parmi celles-ci figurent des impôts sur les sociétés et des taxes sur les plateformes numériques comme Netflix ou Disney+. Ce retour de bâton pourrait représenter une réaction législative puissante contre des entreprises qui détiennent une part considérable du marché en Europe.

Actuellement, les États-Unis ont un excédent commercial avec l'Europe, en particulier dans le secteur des services numériques, où les GAFAM génèrent un surplus de 137,3 milliards d'euros. Cet état de fait suscite des inquiétudes, notamment sur la dépendance européenne vis-à-vis de ces géants qui contrôlent d'importantes données des consommateurs européens.

Christian Saint-Étienne, économiste au CNAM, souligne la complexité de la situation : "Les Américains contrôlent les données de nos entreprises et de nos consommateurs via des plateformes comme Amazon et Google. Nous, Européens, sommes donc dans une position compliquée."

Les données personnelles des utilisateurs, véritables mines d'or pour les entreprises tech, alimentent non seulement leurs services mais aussi le développement de l'intelligence artificielle. Mathilde Saliou, experte en nouvelles technologies, ajoute : "Ces entreprises utilisent les données pour entraîner leurs algorithmes, ce qui leur confère un avantage concurrentiel considérable."

Face à cette réalité, l'Europe pourrait décider de cibler des services moins critiques tels que Netflix ou Disney+, des plateformes dont les consommateurs pourraient éventuellement se passer. Cependant, Elvire Fabry, chercheuse senior à l'institut Jacques Delors, met en garde : "Si les plateformes américaines décident de répercuter les taxes sur les consommateurs, cela pourrait nuire à leur compétitivité face à d'autres rivaux."

Une autre voie envisagée serait de réformer la fiscalité, notamment en Irlande, où de nombreuses entreprises tech bénéficient encore d'un faible taux d'imposition. Toutefois, un conseiller ministériel français a souligné la difficulté de devoir aligner tous les pays européens sur une telle réforme, l'Irlande étant particulièrement réticente. En effet, ce pays absorbe à lui seul près de la moitié des importations de services américains en Europe.

Ainsi, dans ce contexte de guerre commerciale, l'Europe se retrouve à un carrefour. Les répercussions de ces mesures pourraient transformer le paysage numérique et commercial, mais elles nécessiteront un effort collectif pour obtenir des résultats significatifs.