La France durcit son ton face aux États-Unis. Suite à l'annonce fracassante de Donald Trump sur l'imposition de droits de douane massifs à de nombreux pays, y compris ceux de l'Union européenne, Emmanuel Macron a exhorté les grands patrons français à suspendre leurs projets d'investissements aux États-Unis. Cependant, cette injonction n'a pas été bien accueillie par les dirigeants d'entreprises, qui expriment leur colère.

Les grands patrons du CAC 40 ne cachent pas leur indignation. Un PDG d'un géant du secteur a été clair : « Ce que dit Macron, je n’en ai rien à faire. Nous avons des activités aux États-Unis et il n'est pas question de les abandonner. » De même, un producteur de spiritueux a affirmé qu'il était « hors de question » de renoncer à leur travail outre-Atlantique. Ils rappellent que « nous ne sommes pas en économie administrée », laissant entendre leur détermination à naviguer dans ce contexte difficile.

Malgré cette pression, de nombreux groupes français continuent de parier sur le marché américain et sur la stratégie économique de Donald Trump. Par exemple, Pernod Ricard investit 240 millions d'euros dans la construction d'une distillerie de bourbon dans le Kentucky, tandis que Dior s'apprête à ouvrir de nouvelles boutiques à New York et à Beverly Hills.

La situation reste tendue alors que Paris se prépare à renforcer son opposition à Washington. Une source au ministère de l'Économie a révélé que l'appel de Macron serait principalement adressé aux entreprises dans lesquelles l'État détient des participations, telles que Safran, Thales, Airbus et EDF. Ces entreprises seront donc tenues d’expliquer aux autorités américaines que ces droits de douane auront des conséquences sur leurs activités aux États-Unis.

Le cabinet d'Éric Lombard, ministre de l'Économie, a également incité les entreprises à agir avec prudence pendant cette période, signalant que « annoncer un investissement maintenant, c'est donner raison à Trump et à ses méthodes de déstabilisation ». Cela crée un dilemme pour les entreprises cherchant à maintenir leur présence sur le marché américain tout en respectant l'appel à la retenue du gouvernement français.

Pour autant, tous les patrons ne sont pas en désaccord avec l'appel de Macron. Certains, comme Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux, voient plutôt cette initiative comme une opportunité de faire front commun. Il estime qu'il est essentiel de trouver le bon équilibre pour gérer les relations avec Trump, afin de désamorcer les tensions. Alexandre Saubot, dirigeant de France Industrie, souligne également que chaque acteur doit contribuer à renforcer la position de l'Europe face à cette crise commerciale.

La situation reste donc sous haute surveillance, car les conséquences de cette guerre commerciale sur l'économie européenne pourraient être profondes.