Lors de sa visite récente au Groenland, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a fermement réaffirmé l'intégrité territoriale de cette vaste île arctique, territoire autonome du Danemark, que l'administration de Donald Trump a tenté d'annexer. Elle a directement déclaré en anglais : « Vous ne pouvez pas annexer un autre pays », insistant sur le fait que le Danemark ne cédera pas. Frederiksen a également rejeté les justifications sécuritaires avancées par Trump pour justifier cette annexion, soulignant qu’il existe de nombreuses façons de renforcer la coopération en matière de sécurité entre les deux pays.

Elle a rappelé que le Groenland appartient à l'OTAN et qu'un accord de défense lie le Danemark et les États-Unis depuis 75 ans, permettant un accès significatif des troupes américaines au Groenland. « Si vous souhaitez avoir une plus grande présence au Groenland, nous sommes prêts », a-t-elle ajouté.

Après les élections législatives groenlandaises du 11 mars, la pression des États-Unis s'est intensifiée, accompagnée de la visite du vice-président JD Vance à la seule base militaire américaine sur l'île, dans un contexte où les États-Unis avaient autrefois 17 bases sur le territoire à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vance a exprimé ses craintes concernant la capacité du Danemark à assurer la sécurité du Groenland.

Mette Frederiksen a souligné que le Danemark renforçait actuellement sa présence au Groenland grâce à de nouveaux navires polaires, des drones de longue portée, et l'augmentation de ses capacités satellitaires. « Nous respectons nos engagements, et d'autres suivront », a-t-elle déclaré, affirmant que la sécurité de l'Arctique a toujours été une « tâche commune » entre le Groenland et le Danemark. Cette visite survient au moment où le Groenland vient de former un nouveau gouvernement de coalition, dirigé par le parti démocrate de centre-droit, rassemblant quatre des cinq partis représentés au Parlement local, l'Inatsisartut.

Éviter de "contrarier Donald Trump"

Selon Mikaela Engell, spécialiste de la région et ancienne représentante du Danemark au Groenland, la présence de la Première ministre danoise est très rassurante pour les Groenlandais. Elle a expliqué que l'ancien gouvernement danois avait une approche réservée, essayant de satisfaire les intérêts américains sans contrarier l'administration Trump, tout en tentant de maintenir l'unité avec le Groenland.

Mette Frederiksen a profité de son voyage pour discuter du mode de coopération constitutionnelle entre le Groenland et le Danemark et des nouvelles solutions pour coopérer économiquement. Elle a également rencontré des chefs d'entreprises groenlandais. De plus, à Bruxelles, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, a rencontré Marco Rubio, secrétaire d'État américain, où il a clarifié que les ambitions américaines concernant le Groenland ne sont pas du tout acceptables, soulignant que ces aspirations remettent en question la souveraineté danoise et l'avenir du Groenland.

Selon le Washington Post, la Maison Blanche analyse actuellement non seulement le coût pour les États-Unis d'une prise de contrôle du Groenland, mais également les potentielles bénéfices découlant de l'exploitation de ses ressources naturelles, qui demeurent largement inexploitées. Le Groenland, riche en minéraux, en pétrole et en gaz naturel, pourrait devenir un enjeu stratégique majeur dans la rivalité croissante entre les grandes puissances dans la région arctique.