
Gironde : les dangers et enjeux de l’IA dévoilés par Mazarine Pingeot et Christine Bost
2025-04-07
Auteur: Louis
Bordeaux Métropole a récemment été le théâtre de deux événements majeurs : le forum Eurocities sur les droits numériques et une convention citoyenne étudiante en partenariat avec la fondation Bordeaux Université. Ce dernier événement avait pour objectif de réfléchir sur l'impact des intelligences artificielles génératives sur le secteur éducatif, en examinant à la fois les opportunités qu'elles offrent (comme l'autonomie et la personnalisation) et les risques associés (tels que la perte de compétences et la défaillance du raisonnement critique).
À la fin de ces discussions, une liste de recommandations visant à mieux encadrer l'utilisation de l'IA devrait être mise en lumière. Mazarine Pingeot, qui a organisé cette convention, est professeure de philosophie à Sciences Po Bordeaux, tandis que Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole et maire d’Eysines, a apporté son expertise sur ce sujet brûlant.
Ces femmes se sont interrogées : sommes-nous réellement face à une révolution technologique comparable à l’arrivée de l'écriture ou de l'imprimerie, avec un bouleversement majeur de nos rapports à l'écrit et à la diffusion de l'information ?
Mazarine Pingeot a mis en garde sur le fait que l'IA, bien qu'utile, repose sur l'utilisateur et appelle à la réflexion critique et à l'encadrement juridique. Selon elle, « la technologie n’existe pas si elle n’est pas utilisée ». Christine Bost a souligné que le législateur doit rapidement réagir pour encadrer cet outil aux potentialités infinies qui peut tant aider que nuire, notamment en creusant les inégalités sociales.
« Ceux qui savent utiliser l'IA vont maximiser leurs compétences, tandis que ceux qui ne le peuvent pas risquent de devenir complètement dépendants », a précisé Pingeot. Cette dynamique pourrait affecter notre autonomie et notre liberté individuelle.
Le danger ne repose pas uniquement sur l'usage de l'IA, mais aussi sur la capacité des individus à établir un rapport sain avec les outils numériques, sans être asservis par leur ignorance. "La fragmentation de l'espace public et les fake news sont des problématiques qui s'accentuent à l'ère numérique", a averti Mazarine.
Christine Bost a insisté sur la nécessité d'une éducation systématique à l'esprit critique tant pour les élèves que pour les enseignants, une compétence essentielle à l’heure de la désinformation et des manipulations médiatiques. Citant Hannah Arendt, Pingeot a rappelé que « la liberté d'opinion perd tout son sens si l'information sur les faits n'est pas garantie », appelant ainsi à une régulation stricte de l'IA.
Cependant, les deux intervenantes ne renient pas les aspects positifs de l’IA. Christine Bost a illustré un projet innovant qui consiste à créer un jumeau numérique d’un fleuve pour évaluer les risques d'inondation. L’IA pourrait également être utilisée pour réguler le trafic et mieux appréhender les enjeux environnementaux.
La question demeure : l'intelligence artificielle sera-t-elle un outil d'émancipation ou d'asservissement pour notre société ? Un débat essentiel pour l'avenir de notre démocratie.