Technologie

Géothermie : L'Europe à la découverte des richesses enfouies

2024-12-18

Auteur: Louis

La géothermie, souvent considérée comme une source d'énergie négligée par rapport à ses homologues renouvelables, possède pourtant un potentiel exceptionnel. Lors d'une réunion récente, les 27 ministres de l'Énergie européens ont pris connaissance des éléments d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui souligne l'importance croissante de cette ressource dans la transition énergétique mondiale.

En effet, ce qui se profile sous nos pieds pourrait bien être une révolution silencieuse. Avec des investissements atteignant 47 milliards de dollars en 2023, représentant plus de 5 % des dépenses totales en énergies renouvelables, la géothermie s'impose comme une solution d'avenir. Contrairement à l'éolien et au solaire, la géothermie est une source d'énergie pilotable, continuellement disponible, avec un taux d'utilisation dépassant les 75 %, contre 30 % pour l'éolien et seulement 15 % pour le solaire.

Alors que les énergies renouvelables dépendent des conditions météorologiques capricieuses, la géothermie peut assurer une stabilité cruciale pour les réseaux électriques. Par exemple, le manque de vent en mer du Nord a obligé le Nord de l'Europe à importer massivement de l'électricité nucléaire depuis la France, ce qui souligne la nécessité de diversifier les sources d'énergie.

Les avancées technologiques, tirées en partie des techniques de l'industrie pétrolière, ouvrent des perspectives nouvelles pour exploiter des ressources autrefois inaccessibles. Des méthodes comme le forage horizontal et la fracturation hydraulique pourraient faire chuter les coûts d'exploitation de 80 % d'ici 2035. Cela rendrait la géothermie compétitive face à des ressources établies comme l'hydroélectricité et le nucléaire.

L'Europe est déjà en train de devenir un laboratoire pour cette nouvelle génération d'énergie géothermique. À Szeged, en Hongrie, un réseau complexe de 27 puits alimente actuellement 27 000 foyers et 400 bâtiments publics, permettant d'économiser 20 millions de mètres cubes de gaz russe et d'éviter 35 000 tonnes de CO2 chaque année.

L'Italie, quant à elle, est le leader indiscutable dans le secteur, avec ses 34 centrales géothermiques. Larderello, en Toscane, abrite la première centrale géothermique au monde, installée en 1904, qui produit actuellement 4,5 gigawatts d'électricité. L'Italie ne se limite pas à l'électricité : des installations comme celles de Monte Amiata utilisent la géothermie pour l'agriculture et la thermothérapie.

Cependant, malgré le potentiel immense, l'Europe n'exploite actuellement que 0,2 % de ses capacités géothermiques. Les défis sont nombreux : lourdeurs administratives, coûts initiaux élevés, et préoccupations locales concernant les tremblements de terre. Les experts prévoient que seule l'industrialisation de cette industrie et la réduction des coûts permettront une exploitation à grande échelle.

Une lueur d'espoir est à l'horizon : les fluides géothermiques contiennent souvent des éléments précieux comme le lithium, essentiel pour les batteries électriques, ce qui pourrait rendre certains projets encore plus rentables. Ainsi, en intégrant la géothermie dans le mix énergétique européen, et en facilitant son développement, l'Europe pourrait non seulement sécuriser son avenir énergétique, mais également dynamiser son économie.

Les États membres doivent agir rapidement et de manière déterminée pour ne pas manquer cette opportunité unique de tirer parti de leurs ressources géologiques.