Gazprom en grande détresse ? Les sanctions plongent la Russie dans l'incertitude énergétique
2025-01-17
Auteur: Marie
C'est un tournant majeur dans le paysage énergétique européen : l'Ukraine a définitivement coupé l'approvisionnement en gaz russe vers l'Europe. Le gazoduc Ourengoï–Pomary–Oujhorod, qui acheminait le méthane de Sibérie à travers l'Ukraine vers la République tchèque et l'Autriche, a cessé toute activité depuis le 31 décembre 2024. Les experts Michael Bradshaw et Steve Pye, de l'Université de Warwick et de l'University College de Londres, avertissent que la situation est alarmante pour Gazprom, le géant gazier russe.
Jusqu'à présent, l'Union européenne (UE) n'a pas imposé de sanctions directes sur les importations de gaz, mais a mis un frein sur des projets clés comme Arctic GNL 2 et interdit le rechargement de gaz naturel liquéfié (GNL) russe dans ses ports. Cette chute des exportations par gazoduc est exacerbée par la volonté de Moscou d'exiger des paiements en roubles et les récentes sabotages des pipelines Nord Stream.
Dans une étude publiée le 4 janvier dans la revue Nature Communications, Bradshaw et Pye explorent deux scénarios futurs concernant les exportations de gaz russe. Le premier scénario, appelé « débouchés limités », prévoit la fin des importations de gaz russe d'ici 2027, avec des obstacles majeurs à l'exportation, du fait des sanctions. Si Moscou n'arrive pas à s'entendre avec Pékin sur le projet Power of Siberia 2, qui doit transporter 50 milliards de mètres cubes par an de gaz vers la Chine, cela pourrait réduire la Russie à son unique gazoduc Force de Sibérie 1, qui doit fournir 38 milliards de mètres cubes par an à partir de 2025.
Le second scénario, intitulé « pivot vers l'Asie », décrit un partenariat renforcé entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, facilitant le développement de sauvés GNL. Dans ce cas, le gaz russe pourrait continuer à alimenter l'Europe via le gazoduc TurkStream, maintenant ainsi une partie des flux commerciaux existants.
Cependant, l'avenir du gaz russe semble incertain. Selon les chercheurs, même avec une possible demande accrue de la part de la Chine, les exportations russes pourraient chuter entre 31 % et 47 % d'ici 2040 dans le scénario des débouchés limités.
En fin d'année 2024, les actions de Gazprom ont atteint leur plus bas niveau depuis seize ans, suite à une perte colossale de 629 milliards de roubles (environ 6,4 milliards d'euros) et l'annulation des dividendes. Les investisseurs semblent de plus en plus sceptiques quant à la capacité de Gazprom à diversifier ses marchés et à surmonter cette tempête.
La question demeure : l'UE continuera-t-elle de couper les liens avec le gaz russe d'ici 2027 ? Et surtout, la fin du conflit en Ukraine pourrait-elle conduire à un renversement radical de cette dynamique ? Le monde attend la réponse aux questions cruciales qui déterminent l'avenir énergétique de la Russie et de l'Europe.