La bande de Gaza ne se limite pas seulement à un paysage désolé, affichant une destruction presque totale de 90 % de ses infrastructures. Ce territoire palestinien incarne également un champ de ruines où le droit international est systématiquement bafoué, et ce, avec une impunité déconcertante qui dure depuis un an et demi. Mais au-delà de la destruction matérielle, un autre aspect alarmant se manifeste ici : l'inversion du langage. Les mots, autrefois porteurs de sens, se retrouvent désormais dépouillés de leur signification initiale ou transformés en leur contraire, comme l'avait prédit George Orwell dans son roman 1984.

Les conséquences de ces manipulations linguistiques se font ressentir dans tous les secteurs de la société. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, proclame à tout va une « victoire totale » contre le Hamas, après les atrocités du 7 octobre 2023. Cependant, plus d’un an après cette déclaration, la réalité sur le terrain semble contredire cette assertion. Les bombardements israéliens, loin d'affaiblir le Hamas, ont contribué à sa résilience, en éradiquant les alternatives viables à l'Islam radical et en intensifiant les recrutements de jeunes désespérés souhaitant venger leurs proches.

Par ailleurs, l'imposition d'une censure médiatique stricte par les autorités israéliennes, qui interdisent l'accès de la presse internationale à Gaza, a permis au Hamas de façonner une narrative choquante autour de ses actions. Ces images de libérations d’otages sont diffusées avec un faste propagandiste, illustrant ainsi la puissance de la manipulation de l'information dans un territoire déjà éprouvé par des années de conflit.

Ce phénomène dépasse largement le cadre local de Gaza : il s'inscrit dans un contexte mondial où le langage devient un outil d'oppression, illustrant parfaitement la thèse d'Orwell sur la novlangue. Les mots sont aujourd'hui utilisés non seulement pour désigner la réalité, mais aussi pour la déformer à des fins politiques et militaires, créant ainsi un écosystème où la vérité est continuellement remise en question. Pendant ce temps, la population de Gaza continue de vivre dans une réalité cauchemardesque, prise au piège entre les décombres et les promesses de victoires qui n’arrivent jamais.