L'économiste français Gabriel Zucman a proposé, lors d'une conférence à Paris, de "cibler les oligarques américains en taxant leurs entreprises en Europe", en réponse aux droits de douane récemment imposés par Donald Trump à l'Union européenne.

Spécialiste des inégalités, Zucman a suggéré d'associer l'accès au marché européen à un paiement d'une taxe minimale par les multinationales et leurs propriétaires. Cette initiative a été présentée lors d'un événement co-organisé par la Paris School of Economics et l'EU Tax Observatory, intitulé "Taxing Billionaires".

"Ce type de riposte ciblée sur les acteurs économiques les plus puissants est plus prometteuse qu'une guerre commerciale traditionnelle, qui pourrait entraîner une hausse de l'inflation et des tensions internationales", a-t-il déclaré. Zucman, également citoyen américain, s'intéresse particulièrement à l'accord sur la taxation mondiale des multinationales, une question qu'il considère comme "la prochaine bataille de la guerre fiscale".

Cet accord, signé en 2021 sous l'égide de l'OCDE, a été conçu pour instaurer un taux minimum d'imposition de 15% sur les bénéfices des multinationales afin de limiter la concurrence fiscale déloyale et d'éviter le transfert artificiel des bénéfices vers des paradis fiscaux. Cependant, les États-Unis se sont retirés de cet accord le 21 janvier 2025, avec l'arrivée au pouvoir du nouveau président, suscitant des inquiétudes quant à l'adhésion future des pays européens. Zucman a estimé que la réaction de l'UE dans les semaines à venir sera cruciale pour établir un cadre fiscal international cohérent.

L'économiste a averti que si l'UE cède face à Trump, cela marquerait un retour à un modèle protectionniste sans coopération, reminiscent des tensions économiques qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale. Au contraire, il plaide pour une organisation des relations économiques internationales qui privilégie la lutte contre les inégalités.

En réponse aux droits de douane de 20% que Trump a imposés sur les produits européens, une mesure entrant en vigueur ce mercredi, l'UE a proposé une exonération totale réciproque des droits de douane sur les produits industriels. Cependant, cette offre est jugée "insuffisante" par le président américain.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a affirmé que l'UE est prête à défendre ses intérêts par des contre-mesures face aux manœuvres protectionnistes américaines, mettant en lumière une escalade potentielle dans le conflit commercial entre deux des plus grandes économies du monde.