Fuir X ou rester lié à ses abonnés ? Les figures influentes face à un dilemme sur un réseau social devenu toxique
2025-01-21
Auteur: Chloé
Une "menace sérieuse pour nos démocraties". La maire de Paris, Anne Hidalgo, socialiste, a décidé de quitter X d’ici fin 2023, ne mâchant pas ses mots. D'autres figures politiques de gauche, telles que Sandrine Rousseau, Yannick Jadot, et André Chassaigne, ont également annoncé leur départ. Plus de 86 associations, y compris Emmaüs France et la Ligue des droits de l'homme, ont récemment dénoncé, à travers une tribune publiée dans Le Monde, le "danger grave" que représente cette plateforme pour la "liberté d'expression".
"En nous retirant de X, nous savons que nous perdons un canal de communication précieux pour promouvoir nos actions et nos luttes."
Cette vague d'abandons a été alimentée par des interférences manifeste d'Elon Musk, propriétaire de X, dans les affaires politiques européennes, lui qui a ouvertement soutenu des mouvements d'extrême droite au Royaume-Uni et en Allemagne. Ce phénomène a pris de l’ampleur à l'approche de l'investiture de Donald Trump, un diffuseur notoire de désinformation. La refonte de l'algorithme de X, opérée par Musk depuis son acquisition du réseau, a permis la prolifération de contenus haineux et trompeurs.
Alors, est-il préférable de quitter X ou de rester ? Les utilisateurs aux centaines de milliers d'abonnés sont nombreux à se poser la question. Des entités telles que franceinfo ont restreint leur utilisation de X tout en continuant de diffuser des informations afin de contrer la désinformation.
Certains acteurs, comme l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ont déjà tranché. En début décembre, elle a décidé de migrer ses comptes vers la plateforme alternative BlueSky, entraînant la perte de près de 82 000 abonnés. Sur X, le statut "compte officiel inactif" est désormais affiché. "La décision a été prise sans ambiguïté avec la direction générale," précise Isabelle Jourdan, directrice de la communication de l'AP-HP.
"Face à la désinformation, nous avons observé le doute grandissant concernant la science et la médecine autour de nous."
Une autre institution, sur les pas du Guardian britannique, pionnière dans ce mouvement, a souligné que les désagréments de X l’emportent désormais sur ses avantages. Une vague d’autres médias français, comme Ouest-France, Sud Ouest et Mediapart, a suivi, délaissant un espace devenu hostile.
Cependant, d'autres comme StreetPress, un média indépendant, ont choisi de rester. "Nous n'avons pas le luxe de nous passer d'une présence sur un réseau social," déclare son fondateur, Johan Weisz-Myara. Il insiste sur l'importance de ne pas prendre des décisions hâtives sans une stratégie solide pour engager leur communauté.
Pourquoi tant de réticence à quitter X ? Les personnalités politiques l'ont en effet transformé en outil de communication indispensable, ancrant une forme d’addiction. "X est devenu essentiel pour la visibilité des informations et la diffusion de contenus," ajoute Alexis Lévrier, historien.
Les inquiétudes persistent sur la qualité des interactions sur X. Les experts comme Benjamin Sonntag qualifient cette situation de "drogue dure". Ce constat de dépendance envers un réseau devenu toxique soulève des questions sur l'avenir des réseaux sociaux en général.
Des initiatives comme HelloQuitteX, développée pour aider les utilisateurs à migrer vers des plateformes plus éthiques, gagnent en popularité. 17 000 comptes sont déjà prêts à quitter X, montrant une réelle volonté de ne pas abandonner leurs abonnés sans solution de repli.
Pour ceux qui choisissent de rester, comme Marine Tondelier et Antoine Léaumant, l'engagement sur X est justifié par la nécessité de combattre des idées extrêmes. "Rester sur X est peut-être la seule façon de mener le combat contre les forces en présence," déclare Léaumant, un constat partagé par de nombreux acteurs soucieux de la préservation de la démocratie et des valeurs fondamentales.