
Football : "C'est le summum du ridicule"... Pourquoi la dissolution de neuf groupes de supporters inquiète les spécialistes
2025-03-14
Auteur: Marie
Depuis plusieurs semaines, le ministère de l’Intérieur est dans la tourmente, examinant la dissolution de plusieurs groupes de supporters emblématiques. Parmi les neuf groupes visés, cinq sont actuellement dans le collimateur du ministère : la Brigade Loire (FC Nantes), les Offenders (RC Strasbourg), la Légion X (Paris FC), ainsi que les Magics Fans et les Green Angels (AS Saint-Étienne).
D'importantes inquiétudes émergent parmi les experts du milieu sportif et politique. Les motifs de ces dissolutions sont graves : violences à l'encontre des forces de l'ordre, dégradations de biens publics, chants homophobes ou racistes, et participation à des manifestations interdites. Si un groupe est suspecté d'être à l'origine de tels comportements, il est automatiquement visé par cette dissolution.
Ludovic Lestrelin, sociologue spécialisé dans les tribunes, déclare : "C'est une réaction disproportionnée. Depuis plusieurs semaines, la situation s'est apaisée. Pourquoi ressortir cette vieille recette qui n'a jamais prouvé son efficacité ? Cela n'a aucun sens." Sacha Houlié, député et co-auteur d’un rapport parlementaire sur le supportérisme, abonde dans son sens : "Cette stigmatisation des supporters sert uniquement à créer des opportunités politiques."
Les événements récents, comme le fiasco de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France, ont mis les supporters sous les feux de la rampe. Selon Houlié, ce type d'incident a été utilisé pour justifier une vague d'interdictions, accentuant ainsi les tensions entre supporters et autorités.
Un autre aspect préoccupant est la confusion qui s’installe entre ultras, qui soutiennent activement leur équipe, et hooligans, qui utilisent la violence comme moyen d’expressions. Lestrelin souligne que "la dissolution de groupes comme la Brigade Loire ou les Magics Fans est non seulement injuste, mais elle risque d'alimenter encore plus d'incidents, en dégradant les relations avec les autorités."
Les ultras, bien intégrés dans leur communauté, jouent souvent un rôle positif. Ils se montrent actifs et engagés dans des œuvres caritatives et des actions communautaires. Ignorer ces contributions en les assimilant à des groupes violents est un énorme manque de perspective.
Les discussions autour de ces dissolutions soulèvent également des questions légitimes. Pourquoi le ministère des Sports, qui a la responsabilité des problématiques liées au soutien des clubs et des supporters, est-il laissé de côté dans cette affaire ? La réponse est complexe, mais se résume à un manque de courage politique de la part des dirigeants de s’attaquer véritablement aux causes profondes des comportements violents.
En somme, les groupes de supporters ne sont pas des sous-citoyens. Comme le fait remarquer Sacha Houlié : "Ce sont des gens qui viennent ensemble au stade pour vivre des émotions, et même si parfois ils utilisent des fumigènes, cela ne doit pas les réduire à de simples hooligans." De nombreuses voix s'élèvent pour rappeler que l’organisation des supporters est essentielle pour une gestion saine des événements sportifs, rappelant l’importance de la communication et du dialogue. Les dimensions économique et sociale de la présence des supporters au football français sont à revoir pour favoriser un climat de confiance.