Science

Faut-il faire revivre les espèces disparues ?

2025-01-15

Auteur: Emma

Dans un monde où l’extinction des espèces devient une réalité effrayante, se pose une question fascinante : faut-il tenter de faire revivre ces êtres disparus ? Lionel Cavin, paléontologue de renom, et Nadir Alvarez, généticien innovant, ont exploré cette problématique dans leur ouvrage « Faire revivre les espèces disparues ? », récemment publié.

Au départ, les premiers projets de désextinction cherchaient à réactiver certains gènes, aujourd’hui inactifs, présents chez des espèces éteintes. Par exemple, des chercheurs comme Jack Horner ont envisagé de « réveiller » des gènes dormants chez les oiseaux pour créer un « Chickenosaurus », un poulet possédant des caractéristiques de dinosaure. Malgré l'enthousiasme initial, ces projets ont été abandonnés en raison des mutations accumulées au fil des millions d'années.

Récemment, grâce aux avancées en génomique et à des outils d'ingénierie génétique modernes tels que la méthode CRISPR-Cas9, les scientifiques envisagent des solutions plus viables. Ces technologies leur permettent de manipuler les gènes d’espèces contemporaines pour les rapprocher de leurs ancêtres perdus.

L'entreprise Colossal, fondée par le paléontologue George Church, projette de modifier le génome de l'éléphant d'Asie pour qu'il développe des caractéristiques du mammouth laineux, pensant créer ainsi une version hautement idéalisée de cet animal devenu légendaire. Une telle démarche pourrait voir le jour dès cette année, signifiant un tournant dans le domaine de la désextinction.

Clonage et cellules vivantes

Les perspectives de clonage ne sont pas à négliger non plus. Une équipe japonaise a rapporté avoir trouvé des cellules viables de mammouths conservées dans le permafrost sibérien. L'idée serait d'insérer leur ADN dans un ovocyte d'éléphant, un processus semblable à celui qui a donné naissance à la brebis Dolly dans les années 90. Cependant, des voix s’élèvent pour dire que cette méthode pourrait simplement être une chimère, surtout face aux enjeux éthiques et environnementaux qui en découlent.

Risques et enjeux éthiques

Le clonage, bien que prometteur, ne garantit pas la survie d’une espèce. L'exemple du bouquetin des Pyrénées, qui, bien qu'ayant été cloné, n'a pu survivre plus de quelques minutes, illustre les limites de cette approche. À l’opposé, certains estiment qu’il serait plus judicieux de concentrer nos efforts sur la préservation des espèces menacées existantes plutôt que de tenter de ramener à la vie celles qui sont déjà perdues.

Des insectes à la désextinction

Si l’on peut discuter de la désextinction de grands mammifères, que dire des insectes ? Ces créatures essentielles à nos écosystèmes souffrent d’une extinction silencieuse, souvent ignorée par le grand public. La volonté de faire revivre des insectes raréfiés n’est pas encore sur la table, malgré leur rôle crucial dans la pollinisation et la chaîne alimentaire.

Une quête de rédemption

Le désir de ressusciter des espèces peut aussi être perçu comme une quête de rédemption pour l'humanité, responsable de la majorité des extinctions par la surchasse et la destruction des habitats. Les scientifiques et les écologistes s'accordent à dire que même si la désextinction peut avoir des avantages symboliques et scientifiques, elle ne doit pas remplacer nos efforts pour préserver et protéger les espèces encore présentes sur terre.

En somme, la question de faire revivre les espèces disparues reste complexe, entre fascination scientifique et pragmatisme environnemental. La véritable réponse réside peut-être dans la préservation des riches écosystèmes que nous avons encore, avant de songer à ramener à la vie des êtres disparus.