Mamdouh, arme à la main, fait partie des rebelles qui ont lutté dans la ville de Soueida. "Le régime nous a offert une forte résistance ici, se rappelle-t-il. Ils ont combattu pendant au moins six heures". Il désigne un bâtiment, celui des renseignements militaires, où il découvre un sous-sol rempli de cellules insalubres et un dédale de pièces encombrées de documents administratifs.

Le document que Mamdouh examine est une communication officielle du régime. Il préconise d'augmenter les salaires des militaires pour éviter qu'ils ne rejoignent le mouvement de protestation qui secoue la ville. Avec d'autres rebelles, il découvre également un registre. "Voici les noms de tous ceux ayant reçu une carte du régime pour traverser les points de contrôle militaires sans être interrogés. Ce ne sont que des noms de civils", note-t-il.

"Le régime avait des yeux et des oreilles partout"

En réalité, il s’agit de dizaines d’informateurs dont il reconnaît certains noms. De grandes enveloppes contiennent des milliers de pages de retranscriptions d’écoutes téléphoniques, rédigées à la main. Parmi ces documents, des dossiers d’enquête sur de nombreux habitants, comme celui d’une jeune femme jugée suspecte uniquement parce qu'elle pratiquait le yoga.

À quelques mètres de là, sur la place el Karame, les habitants célèbrent la chute du régime. Sawsan, au cœur de la foule, raconte : "Le régime d’Assad avait des yeux et des oreilles partout". Elle poursuit, "On pouvait avoir quelqu'un parmi nous qui écrivait des rapports sur ses collègues. C’est pourquoi on disait : ‘Les murs ont des oreilles’.”

"Enfin, la liberté est à notre portée !"

Sawsan, une habitante de Soueida, exprime sa joie : "Heureusement, nous y sommes enfin parvenus. Le régime est tombé". Elle rappelle l’urgence des responsabilités qui les attendent : "Le travail consiste à retrouver et examiner tous ces documents, c’est notre tâche maintenant".

Cependant, cette mission se révèle titanesque. Pour la seule ville de Soueida, les documents de renseignement peuvent atteindre des millions, certains datant des années 1960. Dans de nombreux bâtiments, le régime a tenté de détruire toutes les preuves en mettant le feu aux archives.

Le combat pour la vérité continue, et les habitants de Soueida ne sont pas seuls. De nombreuses villes syriennes se mobilisent pour révéler les horreurs du régime d'Assad, une étape cruciale pour la reconstruction d'un pays dévasté et pour la justice tant attendue. Il est impératif que le monde prenne note des atrocités passées et s'engage à soutenir le processus de guérison. Combien de secrets seront encore révélés dans les semaines à venir ? La réponse pourrait choquer l'ensemble de la communauté internationale.