Affaires

Eugénie Bastié : « Le lobby de la restauration n’a pas à décider de la politique migratoire de la France »

2025-03-04

Auteur: Sophie

Il y a quelques jours, Abou Sangaré, ancien sans-papiers, a été acclamé aux César par la scène culturelle parisienne pour son rôle dans *L'Histoire de Souleymane*, un film basé sur la vie réelle d'un clandestin parcourant les rues de Paris pour livrer des repas. Ce récit poignant met en lumière le parcours difficile des migrants, mais il fait également ressortir une réalité moins glorieuse : un système économique qui repose sur l'emploi continu de main-d'œuvre étrangère sous-payée et sous-qualifiée.

Dans un autre coin de la France, des nouvelles ont circulé selon lesquelles le ministère de l'Intérieur envisagerait d'envoyer une ordonnance aux préfets pour permettre la régularisation des clandestins travaillant dans le secteur de la restauration. Cette annonce a provoqué une vague d'indignation, notamment du côté du Rassemblement National, accusant Bruno Retailleau de favoriser l'embauche de migrants dans les restaurants. Cependant, il est crucial de comprendre que cette initiative n'est pas isolée. Si un abandon de cette mesure se produit, le ministère de l'Intérieur ne peut être le seul à porter le poids de la responsabilité. Cette circulaire ne serait qu'une application de la loi sur l'asile et l'immigration adoptée en 2024, qui avait déjà prévu des dispositions pour régulariser certains statuts des travailleurs étrangers.

Il est essentiel de se demander qui tire vraiment les ficelles de cette politique migratoire. Les lobbys de la restauration, en mettant en avant leurs besoins en main-d'œuvre, influencent significativement les décisions gouvernementales. Ces choix, dictés par des intérêts économiques, soulèvent des questions éthiques sur le respect des droits des travailleurs et la justice sociale. La politique migratoire de la France doit-elle vraiment s'adapter aux besoins d'un secteur qui, par essence, dépend d'une exploitation systémique, ou y a-t-il possibilité d'une régulation plus humaine et respectueuse des droits fondamentaux de chaque individu ? La réponse à ces questions pourrait bien façonner l'avenir du travail et de l'immigration dans notre pays.