Le ministère de la Justice des États-Unis a récemment déposé une plainte antitrust retentissante contre Visa, accusant la société de maintenir un monopole sur le marché des cartes de débit. Visa est accusée de restreindre la concurrence en imposant des frais exorbitants aux commerçants, une pratique qui pourrait avoir des conséquences majeures sur le paysage financier américain.

Il est crucial de comprendre que les cartes de débit fonctionnent différemment des cartes de crédit aux États-Unis. Les paiements effectués avec des cartes de débit sont immédiatement prélevés sur le compte bancaire de l'utilisateur, tandis que les cartes de crédit permettent un remboursement mensuel d'un montant alloué par la banque.

Accords exclusifs et pression sur les commerçants

Le gouvernement allègue que Visa a conclu des accords exclusifs de facto avec plusieurs banques et commerçants, les contraignant à traiter la majorité de leurs transactions via son réseau. Ces accords oppressive comprennent des menaces de frais plus élevés si les commerçants choisissent d'autres options de traitement de paiement pour leurs transactions par carte de débit. Cette stratégie aurait eu pour effet de décourager la concurrence et d'entraver l'innovation dans l'industrie des paiements.

En 2022, Visa a traité un impressionnant volume de 3,8 billions de dollars de transactions par carte de débit aux États-Unis, représentant plus de 60 % des transactions de ce type dans le pays et générant ainsi plus de 7 milliards de dollars de frais annuels. Bien que ces frais passent inaperçus pour les consommateurs, ils sont supportés par les commerçants, qui pourraient être contraints de les répercuter sur les prix des biens et services.

Le procureur général Merrick B. Garland a déclaré : « Le comportement illégal de Visa ne se limite pas à influencer le prix d'un produit seul, mais touche également le prix de presque tous les produits sur le marché. » Le ministère de la Justice soutient que cette monopolisation empêche les commerçants de bénéficier de services moins coûteux et freine l'innovation dans le secteur des paiements.

Une portée élargie pour la plainte

La plainte vise non seulement les transactions effectuées avec des cartes physiques, mais englobe également les transactions en ligne et les paiements via des applications. Visa aurait, de plus, découragé des entreprises innovantes telles que PayPal et Square d'entrer sur le marché des cartes de débit, en les incitant à devenir des partenaires plutôt que de surmonter Visa en tant que concurrents. Doha Mekki, procureure générale adjointe principale de la division antitrust, a souligné que « Visa abuse de son pouvoir monopolistique pour écraser ses rivaux, en mettant en péril les droits des consommateurs, des commerçants et des banques.

Un problème profondément enraciné

Les préoccupations autour des pratiques de Visa ne sont pas récentes. En 2020, le ministère de la Justice avait déjà tenté d'empêcher l'acquisition de Plaid, une entreprise de technologie financière, par Visa pour 5,3 milliards de dollars, soulignant que cela visait à écarter un concurrent potentiel. De même, Mastercard fait face à des enquêtes similaires sur ses méthodes visant à limiter la concurrence dans le secteur des paiements par carte.

Les analystes estiment que la procédure contre Visa pourrait être longue et potentiellement à l'origine de mesures punitives sévères. Cette action s'inscrit dans un contexte plus large de réglementation accrue de l'industrie financière par les autorités américaines, avec la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) qui envisage des règles plus strictes pour examiner les fusions bancaires. Le ministère de la Justice a également annoncé son retrait d'un cadre légal désuet de 1995 régissant l’évaluation des fusions dans le secteur bancaire, indiquant une volonté d'adopter une approche plus ferme envers les comportements monopolistiques.