
EPR de Flamanville : le feuilleton sans fin des retards
2025-03-10
Auteur: Emma
Malgré des promesses d'un redémarrage en mars, l'EPR de Flamanville continue d'accumuler les retards et les problèmes techniques. Le raccordement tant attendu au réseau électrique, désormais prévu pour décembre 2024, peine à donner un souffle à la centrale nucléaire la plus surveillée de France. EDF tente de rassurer sur le suivi de ce projet pharaonique, mais les reports successifs soulèvent des doutes quant à son avenir.
À partir du 21 décembre 2024, l'EPR de Flamanville doit enfin s'intégrer au réseau électrique, une avancée de taille après plus d'une décennie d'attente. Cependant, en l'espace de trois mois, le réacteur a déjà enregistré 76 jours d'arrêt, dépassant largement les prévisions initiales d'exploitation. Les interventions s’enchaînent, apportant leur lot d'incertitudes sur cette infrastructure cruciale pour la production d'énergie nucléaire en France.
Flamanville : une montée en puissance chaotique
Devenu l'emblème du renouveau du parc nucléaire français, l'EPR devait symboliser la modernité. Après avoir essuyé douze années de retards et un budget triplé, son raccordement a été accueilli comme une victoire. Toutefois, le chemin vers une exploitation pleine et entière se révèle plus semé d'embûches que prévu.
Dès le 15 février 2025, un arrêt imprévu a été imposé pour une série d'interventions : des problèmes ont été signalés concernant le débit d'eau du circuit de refroidissement et une sonde défectueuse dans le circuit primaire a nécessité un remplacement.
Une turbine capricieuse : le casse-tête permanent d'EDF
Alors que la remise en service était projetée pour le 5 mars 2025, une nouvelle complication est survenue : des problèmes de surchauffe sur deux des paliers de la turbine. Des tests réalisés ont montré que ces paliers ne respectaient pas les températures limites, menaçant d’accélérer l'usure des composants critiques.
La turbine, pièce maîtresse du système de production d'électricité, transforme l'énergie de la vapeur en courant. Une surchauffe excessive compromet la pérennité de celle-ci, et EDF a dû ajuster l'alignement des cales pour tenter de corriger le tir, ce qui a entraîné un nouveau report au 30 mars 2025.
EDF reste confiant, mais pour combien de temps ?
Malgré ces retards, EDF se fixe encore l'objectif d'atteindre une puissance de 100 % d'ici l'été 2025. La société d'électricité considère que ces ajustements font partie d'un processus normal dans la gestion d'une infrastructure aussi complexe. Toutefois, cette communication optimiste ne parvient pas à apaiser les inquiétudes. Trois arrêts majeurs en trois mois ne s'apparentent pas à de simples réglages, mais bien à des interventions lourdes sur des équipements essentiels.
De son côté, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) n'a pas relevé de problèmes de sécurité nucléaire, les défaillances étant d'ordre technique et mécanique. Cependant, les défis auxquels Flamanville est confrontée soulèvent des questions sur l'avenir de la production nucléaire en France et la capacité du pays à moderniser son réseau énergétique face aux enjeux contemporains.