Quelques semaines après que l’électricien EDF ait enfin atteint une étape majeure de son projet controversé de l’EPR (réacteur pressurisé européen) à Flamanville (Manche), la Cour des comptes a, le 14 janvier, publié un rapport inquiet sur l’avenir de cette filière. Alors que l'État français envisage la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs nucléaires dans un contexte de transition énergétique, la situation de Flamanville soulève des questions critiques.

La dernière évaluation de la Cour des comptes a révélé que le coût total de l’EPR de Flamanville grimpe à 23,7 milliards d’euros, un chiffre incroyablement supérieur aux 19,1 milliards estimés en 2020. Ce projet, qui a déjà pris douze ans de retard, sera officiellement raccordé au réseau électrique français le 21 décembre 2024. En réalité, ce coût est sept fois plus élevé que les estimations initiales de 2006, qui tablaient entre 3,2 et 3,3 milliards d'euros, exposant ainsi la mauvaise gestion du projet.

Cette augmentation fulgurante du coût trouve en partie son origine dans l’évolution de la valeur de l’euro et des défis de construction rencontrés. À eux seuls, les coûts de construction s’élèvent à 15,6 milliards d’euros, en prenant en compte l’inflation jusqu’en 2023, tandis qu’ils correspondaient à 13,2 milliards d'euros en 2015. Il est également essentiel de considérer les dépenses liées à la première phase d'exploitation, les provisions destinées au démantèlement et à la gestion des déchets radioactifs, ainsi que les coûts d’emprunt associés à la durée prolongée du chantier.

Face à ce constat alarmant, la Cour des comptes annonce une rentabilité jugée « médiocre », ce qui soulève de vives inquiétudes non seulement pour EDF mais également pour les futurs investissements dans le secteur nucléaire français. Alors que de nombreux pays cherchent à réduire leur empreinte carbone, le cas de l’EPR de Flamanville pourrait bien servir d’avertissement sur les défis et imprévus que peut engendrer la transition énergétique.