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ENTRETIEN. "Je fais des cauchemars, je revis la scène en boucle" : Paul, 17 ans, victime d'une agression homophobe, raconte son calvaire

2024-09-23

Racontez-nous ce que vous avez vécu ?

J'étais en visite chez une amie, Emma, à Mazamet, dans le Tarn. Nous avons mangé ensemble dans un restaurant et vers 15 heures, une connaissance d'Emma, accompagnée de sa cousine, est venue nous rejoindre. Elle m'a demandé si Emma et moi étions en couple. J'ai répondu que ce n'était pas possible, car je suis gay. Elle a immédiatement réagi en disant que c'était inacceptable, en faisant référence à ma sexualité. Ensuite, nous avons décidé de nous promener en centre-ville avant que je prenne mon train. C'est alors que nous avons croisé à nouveau les deux cousines, qui ont mentionné que j'étais gay à un groupe d'hommes. Trois d'entre eux ont commencé à m'entourer, complimentant mon iPhone, ce qui a visiblement intensifié la situation. Paniqué, j'ai rangé mon téléphone, mais la tension est devenue palpable. Alors que nous marchions vers la gare, ces trois hommes se sont précipités vers nous. Ils ont commencé à me frapper, m'insultant avec des termes homophobes et tentant d'agresser physiquement. Mon téléphone est tombé sur le sol et s'est brisé. Je me suis retrouvé à terre, subissant des coups de poing de tous côtés, tandis qu'Emma tentait de me protéger en s'interposant. Elle a également été blessée dans ce chaos. Ce n'est qu'un riverain qui a réagi en criant sur mes agresseurs qu'ils ont finalement pris la fuite.

De quoi souffrez-vous ?

Physiquement, j'ai un hématome autour de l'œil et des douleurs à la mâchoire qui rendent parfois la mastication difficile. Mes blessures incluent également des douleurs au dos et un traumatisme crânien. La souffrance physique est insupportable, mais la douleur psychologique l’est tout autant.

Et psychologiquement ?

Mentalement, ma vie a changé. Je suis constamment sur le qui-vive lorsque je sors, craignant d’être suivi. Je perds souvent ma capacité à distinguer certains individus de mes agresseurs. Les nuits sont particulièrement difficiles car je fais des cauchemars récurrents où je revis cette scène traumatique, faisant le lien avec la peur et l’angoisse qui m’envahissent.

Pourquoi avez-vous souhaité médiatiser votre histoire ?

Il est essentiel pour moi de partager mon expérience, car je veux que cela ne se reproduise pas. Trop de personnes vivent des agressions similaires, et je souhaite dénoncer ces actes pour mettre un terme à cette violence. Depuis, j’ai reçu de nombreux messages de soutien qui me donnent de la force et m’encouragent à ne pas abandonner. Je souhaite que mes agresseurs soient punis, et je rêve d’un monde où l’intolérance n’aura plus sa place. En 2024, il est impensable que de telles atrocités continuent d'exister. Chaque histoire, chaque voix compte, et ensemble, nous pouvons faire la différence!