Alain, la défaite des Bleus en Croatie semble inévitable…

Oui, il est difficile de penser autrement, compte tenu de la manière dont le match s'est déroulé. Le résultat reflète vraiment la performance de l'équipe.

Cette léthargie surprenante contraste avec leur dernier match victorieux en Italie, n'est-ce pas ?

Effectivement. Il n'y avait aucune intensité, aucun rythme digne d'un affrontement international. À Milan, lors du dernier rassemblement, l'équipe était renouvelée et vivante. Comment expliquer qu'ils abordent un quart de finale de cette manière ? Il y a eu des erreurs techniques et tactiques, mais au final, le football repose avant tout sur l'engagement et la lutte sur le terrain.

Est-ce que la nature même de la compétition, coincée entre les grands championnats et la Ligue des Champions, pourrait expliquer cela ?

Cela peut entrer dans les arguments à décharge. La Ligue des Nations se déroule à un moment délicat, mais cela n'excuse pas leur performance. Cependant…

Oui…

Nous savons que cette équipe de France est en transition. De nouveaux joueurs essaient de trouver leur place et de s'imposer. Ils ont besoin de prouver leur capacité à être performants sur la scène internationale.

Didier Deschamps a-t-il une part de responsabilité dans cette situation, notamment avec son choix de faire jouer Dembélé en faux 9 avant la pause, ce qui n'a pas fonctionné ?

Sur le plan offensif, il est clair que la cohésion entre les joueurs est délicate à établir. Dembélé joue dans un rôle similaire au PSG, mais il bénéficie d'un environnement équilibré avec des milieux de terrain talentueux. En revanche, en Équipe de France, cela n’est pas tout à fait le cas. Je n'attribuerais pas cette responsabilité à Didier, qui a ajusté son dispositif à la seconde mi-temps en repositionnant Dembélé. Un entraîneur peut théoriser avant un match, mais voir une animation fonctionner en situation réelle est essentiel. Qui peut affirmer que ses idées n'étaient pas justifiées ? Kylian Mbappé, qui joue aussi dans l'axe avec le PSG, a montré son efficacité à ce poste.

Parlons maintenant du retour du capitaine Kylian Mbappé.

Je l'ai trouvé correct. Cependant, un joueur exceptionnel comme Armand Duplantis peut rater un saut, mais cela ne signifie pas qu'il est sous-performant. Mbappé a été le joueur le plus dangereux, avec plusieurs occasions.

Et que dire de la performance de Mike Maignan ?

Ses statistiques sur les penalties parlent d'elles-mêmes : 50% de succès dans l'arrêt des tirs, ce qui est énorme. Il fait preuve d'une grande solidité.

Qu'en est-il de la défense ?

À tous les niveaux – défenseurs centraux et latéraux, ainsi que le milieu de terrain – nous attendions mieux. Le niveau de jeu a été médiocre. Chaque joueur influence le comportement collectif, et sur le premier but, l'équipe était en retard sur l'ailier, ce qui a permis un centre. Sur le deuxième but, Koundé a été battu sur un coup de tête.

La charnière centrale n'a pas été rassurante.

En effet, la défense était friable, alors qu'une équipe devrait d'abord se baser sur une bonne défense. Un défenseur doit clairement défendre, et s'il n'est pas suffisamment sollicité, il est en mesure de passer un bon moment. Mais là, tout ne fonctionnait pas. C’est l’une des pires performances défensives que j’ai vues.

Concernant le milieu de terrain, que pouvez-vous dire ?

Nos milieux de terrain ont subi une domination dans tous les aspects du jeu, que ce soit sur le plan athlétique ou en termes de soutien aux attaquants. Aujourd'hui, les Bleus semblent surtout se concentrer sur la solidité, sauf peut-être pour Adrien Rabiot, qui peut apporter une solution offensive. Il manque cependant de créativité en comparaison avec des joueurs comme Modric et Kovacic, qui ont une intelligence de jeu supérieure.

Et Désiré Doué ?

Il s’agit davantage d’un attaquant, mais il a le potentiel pour apporter quelque chose de nouveau. Je le verrais dans un rôle excentré avec un milieu de terrain solide derrière lui.

Et pour Cherki et Akliouche ?

Ils n’ont pas été convoqués, mais je pense que Cherki a le potentiel d'être un vrai numéro 10. Son développement est prometteur. Quant à Akliouche, il progresse également. Cela dit, la sélection nationale est parfois cruelle et chaque joueur doit prouver sa valeur, car la concurrence est forte.

En résumé, la France doit absolument se ressaisir avant le match retour face à la Croatie. Le chemin vers la victoire est semé d'embûches, mais un retour au niveau exigé peut tout changer.