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Enquête : Les mégabassines, notre dernier recours face au changement climatique ?

2024-11-06

Auteur: Sophie

Les « mégabassines », ces grands réservoirs artificiels destinés à stocker l'eau pendant l'hiver pour une utilisation estivale, représentent une réponse stratégique face aux défis de la rareté de l'eau, exacerbés par le changement climatique. Selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, la demande croissante d'irrigation a conduit à une augmentation de 23 % des surfaces irriguées entre 2010 et 2020. Actuellement, 51 % des exploitations maraîchères et horticoles en France disposent de systèmes d'irrigation. Les cultures de maïs représentent la plus grande part de ces terres irriguées (38 %), suivies par le blé (12 %) et les légumes frais (9 %).

Cependant, ces efforts d’irrigation pourraient se révéler insuffisants face à la menace croissante des phénomènes climatiques extrêmes. Selon Pascal Boivin, professeur de science du sol à HES-SO Genève et ingénieur agronome, les prévisions du GIEC annoncent des pluies plus intenses, des risques d'érosion accrus, ainsi que des inondations et des épisodes de sécheresse prononcés.

Pour répondre à ces enjeux, la construction de bassins de stockage soutenue par l'État est en cours. Pour être considérée comme une « mégabassine », une réserve d’eau doit contenir plus de 50 000 m³ ou s'étendre sur plus d’un hectare. En France, ces infrastructures émergent principalement en Nouvelle-Aquitaine, dans les Pays de la Loire, en Rhône-Alpes-Auvergne et en région Sud.

Néanmoins, leur impact pourrait nuancer le débat autour de la gestion des ressources en eau. Ces bassines, bien qu'elles préviennent les crises d'eau saisonnières, soulèvent des questions environnementales. Les critiques pointent du doigt une possible dégradation des écosystèmes aquatiques locaux, des impacts sur la biodiversité ainsi que des modifications des sols et de la faune.

Alors que la pression sur les ressources en eau se renforce, les mégabassines apparaissent comme une solution en attente d'une évaluation critique. Les agriculteurs devront continuer à adapter leurs pratiques tout en s’assurant de préserver notre précieuse ressource hydrique pour les générations futures.