Un phénomène en hausse en Allemagne

En Allemagne, la situation concernant les arrêts-maladie devient de plus en plus préoccupante. En 2023, les salariés ont été en arrêt pendant 15 jours en moyenne, soit quatre jours de plus qu'en 2021. Ce phénomène inquiète particulièrement les entreprises. Selon le PDG de Mercedes, l'absentéisme en Allemagne est "deux fois plus élevé que dans d'autres pays européens".

Des détectives privés engagés pour traquer les fraudeurs

Les entreprises, désireuses de protéger leurs performances, commencent à faire appel à des détectives privés pour identifier les fraudeurs. Marcus Lentz, un détective basé à Francfort, affirme avoir un taux de réussite de 90 %. "Nous avons récemment surveillé douze salariés, à la recherche de preuves", explique-t-il. Des cas types incluent des employés en arrêt pour des douleurs dorsales qui, en réalité, s'occupent de leur jardin ou des personnes souffrant d'une grippe qui sont aperçues en train de faire du shopping toute la journée.

Une industrie en expansion

Au fil des cinq dernières années, le nombre de demandes de services de détection a doublé. Lentz travaille avec une large gamme de clients, allant des grandes entreprises cotées en bourse aux PME comptant une centaine de salariés. Les investigations coûtent entre 6 000 et 8 000 euros et aboutissent souvent à des licenciements. En 2022, son agence a traité 800 demandes, un chiffre alarmant qui témoigne d'une montée de la méfiance au sein du milieu professionnel.

L'impact économique des arrêts-maladie

"Lorsque l'économie est en difficulté, les employeurs cherchent à se défaire des employés qui abusent du système. Ils en ont assez de ceux qui utilisent les arrêts-maladie comme des vacances", déclare Lentz. Cette situation est d'autant plus compliquée que, selon Claus Michelsen, représentant de l'association des entreprises de recherche pharmaceutique, les arrêts-maladie ont coûté à l'Allemagne 0,8 point de croissance en 2023, ce qui équivaut à une perte de 30 milliards d'euros pour l'économie nationale. Cela s'ajoute à une stagnation de la croissance allemande depuis 2019, accentuant ainsi les préoccupations des entreprises.

Les opinions divergentes sur les arrêts-maladie

Depuis la pandémie de Covid-19, il est devenu plus facile d'obtenir un arrêt-maladie via un simple appel téléphonique aux médecins, ce qui a suscité des critiques. Toutefois, Elke Ahlers, économiste à l'institut WSI, nuance ces idées. Elle soutient que les abus demeurent relativement rares et que la majorité des employés ont des raisons légitimes de se faire porter pâles. "Nous faisons face à un manque de main-d'œuvre, les entreprises souffrent de sous-effectifs et beaucoup de salariés sont en surcharge de travail", affirme-t-elle.

Une surveillance controversée

Cette tendance à utiliser des détectives privés pour surveiller la santé des employés est controversée : "C'est tout sauf normal de vérifier si les gens sont vraiment malades", déclare Ahlers. En outre, des entreprises comme Tesla ont même engagé des cadres pour rendre visite à des employés en arrêt-maladie afin de vérifier la véracité de leurs déclarations. Bien que cette pratique ait suscité de vives critiques, le groupe d'Elon Musk l'a défendue comme étant "tout à fait normale".

Conclusion

Face à cette situation, il est essentiel d'évaluer comment les entreprises peuvent gérer le problème des absences sans recourir à des méthodes intrusives et potentiellement nuisibles pour la santé mentale des employés.