Enquête choc sur les collecteurs des dealers : La nouvelle 'Brink's' de la drogue
2025-01-10
Auteur: Chloé
Tout a commencé avec une simple annonce sur Snapchat, une porte d'entrée dans un monde dangereux. Jean-Pierre, contacté par une 'connaissance de quartier', a été recruté avec une promesse alléchante : 5 000 euros par mission, le tout sur un périple de deux jours, avec un véhicule de fonction. À bord d’un Peugeot Partner, un système de cache sophistiqué est installé pour accueillir les liasses de billets récupérées auprès de divers dealers. Les adresses de collecte, pour des raisons de sécurité, ne lui sont révélées qu’en cours de route.
Le 3 novembre dernier, Jean-Pierre se retrouve dans le paisible village provençal de Graveson, à l'ombre des Alpilles, pour 'récupérer du cash'. Inconscient du danger qui le guette, il ne remarque pas la Ford banalisée qui le suit. À l'intérieur, des policiers du groupe d'appui opérationnel (Gao) de l'Ofast, le filment discrètement. En observant ses manœuvres méfiantes, notamment ses 'coupures de sécurité', ils comprennent qu'il sait qu'il ne joue pas dans la légalité.
Coincé par les forces de l'ordre, Jean-Pierre prévient ses complices qu'il souhaite retourner à la maison. Le lendemain, autour de 5 h 15, la situation dégénère lorsqu'une opération coordonnée pour intercepter un envoi de fonds prend forme. Les policiers, pris au piège, voient un troisième homme prendre le volant du Partner pour s'enfuir avec le butin.
Des dizaines de sacs thermosoudés, remplis de billets de banque, sont découverts. 'On pourrait en faire des murs, comme dans les films !' se vante l'un des complices, ignorant qu'il est sous écoute. Pendant ce temps, le conducteur du Partner en panique appelle à l'aide, ses instructions désordonnées trahissant une situation hors de contrôle.
Les enquêteurs, rapidement sur les lieux, interceptent le véhicule à Piolenc. À l'intérieur, l'argent est caché dans le plancher du Partner, mais le véritable jackpot se trouve dans d'autres opérations. La police découvre rapidement que le réseau de collecte qui a été infiltré est lié à la très redoutée DZ Mafia, qui contrôle des points de deal à Marseille. Les frères B., les cerveaux derrière cette opération, encaissent des commissions juteuses de 10% sur chaque voyage, générant ainsi des millions d'euros.
En sous-traitant les collectes, les gangs peuvent se concentrer sur leur activité principale : le trafic de drogue, qui, selon Bercy, rapporterait entre 3 et 6 milliards d'euros chaque année. Non seulement ils organisent le transport de ces 'narco-fonds' résistant à toute crise, mais ils offrent aussi des services de blanchiment d'argent. Un modèle économique efficace pour un secteur en pleine prospérité.
Le schéma des collectes suivant une même routine : plusieurs tournées hebdomadaires au départ de Paris. De nouveaux collecteurs recourent à des astuces modernes, comme des trottinettes électriques pour éviter d'être remarqués. Mais même ces précautions n'ont pas empêché les violences et les braquages internes. En janvier 2024, un 'remetteur' a perdu 200 000 euros lors d'une attaque surprise.
Un autre réseau de convoyeurs parisiens récemment démantelé, qui utilisait des trains pour leurs opérations, récoltait un bénéfice mensuel de 10 millions d'euros. Les gendarmes confisquent régulièrement de grosses sommes, comme 1,2 million d'euros prélevés dans le plancher du Partner. Mais cela reste une goutte d'eau dans l'océan de profits que génère le trafic de drogue.
En décembre 2023, un nouveau coup de filet de l'Ofast a démantelé un réseau gérant des millions. Jean-Pierre, après avoir été placé sous contrôle judiciaire, vit dans l'incertitude, contrairement à ses employeurs. Les frères B. s’acharnent à rembourser les dettes énormes et risquent sérieusement la prison. Comme dans toute entreprise criminelle, la règle d'or reste inchangée : rien ne se perd, même pas les dettes.