Un accident tragique

Le 15 novembre 2023, un jeune Béarnais de 19 ans, Tom Benquet, a vécu une expérience terrifiante lorsqu'il a été percuté par une voiture à Garlin, dans les Pyrénées-Atlantiques. Bien que son airbag se soit déclenché, Tom a ressenti une douleur intense à l'épaule et a perdu beaucoup de sang. À l'hôpital, on découvre qu'un morceau de métal de deux centimètres s'était logé dans son épaule. "C'est comme si j'avais pris une balle", raconte Tom, qui a appris que son airbag défectueux provenait de la firme japonaise Takata, responsable de nombreux accidents mortels liés à ses produits.

Les dangers des airbags Takata

L'expert automobile suisse Christian Grosjean explique que le véritable danger des airbags Takata réside dans leur capacité à éclater lors de leur déploiement, projetant des fragments métalliques pouvant causer des blessures graves, notamment aux yeux. Ce problème est dû à l'utilisation de nitrate d'ammonium dans leur composition, qui peut devenir instable en raison des conditions climatiques, comme l'humidité et les variations de température. De nombreux cas similaires ont été rapportés aux États-Unis depuis le début des années 2000, entraînant des centaines de victimes.

Le silence complice des fabricants

L'histoire des airbags Takata est également marquée par le silence complice des constructeurs automobiles. En 2014, des employés de Takata aux États-Unis ont dénoncé à la presse et aux autorités une dissimulation de résultats de tests défectueux depuis des années. Malgré ces alertes, des millions d'airbags ont été installés dans les véhicules.

Les conséquences pour Takata

Takata a fini par être condamné à plus d'un milliard de dollars d'amendes et a déclaré faillite en 2017, laissant derrière lui le plus grand rappel automobile de l'histoire, touchant une trentaine de fabricants et plus d'une centaine de modèles.

La situation en France

Cependant, en France, la situation reste alarmante. Bien que Honda et Toyota aient commencé à rappeler leurs modèles dès 2013 et 2015 respectivement, Citroën a continué de vendre des modèles C3 contenant ces airbags défectueux.

Un rappel tardif en France

Alors qu'aucune mesure de rappel n’a été imposée en France, d'autres pays ont agi de manière proactive. Des gouvernements comme ceux de la Chine et du Japon ont ordonné le rappel de véhicules concernés dès que les problèmes ont été signalés. En France, il aura fallu attendre plusieurs accidents, dont celui de Tom, pour que des mesures soient enfin envisagées.

Une réaction tardive des autorités

En janvier 2024, à la suite de l'accident de Tom, la gendarmerie s'est réunie pour examiner des cas concernant des airbags Takata. Une note interne a été rédigée, mais il aura fallu des mois et plusieurs accidents supplémentaires avant qu'une mesure de "stop drive" soit enfin lancée pour 300 000 automobilistes au printemps 2024. La panique s'est alors installée, de nombreux conducteurs ayant du mal à obtenir un rendez-vous au garage, se retrouvant dans l'incertitude quant à leur sécurité routière.

Des automobilistes inquiets

Avec plus de 500 000 automobilistes potentiellement concernés par des rappels, les experts mettent en garde contre la nouvelle génération d'airbags Takata, qui, malgré des modifications, pourrait encore présenter des risques. Au niveau européen, des députés se sont mobilisés pour obtenir des réponses sur la sécurité des consommateurs, alors que la Commission européenne renvoie la responsabilité aux États membres.

Un enjeu de sécurité majeure

L'heure est grave : des vies sont mises en danger, et les automobilistes français se battent pour être entendus. Le scandale des airbags Takata révèle non seulement des défaillances industrielles, mais aussi un manque d'engagement des autorités pour protéger les conducteurs. La question reste en suspens : combien d'autres accidents pourraient encore se produire avant qu'une action suffisante soit enfin entreprise ?