L'avenir de l'industrie est en jeu !

Selon une étude récente de La Fabrique de l'industrie, publiée le 14 novembre, la consommation d'électricité par l'industrie devrait doubler d'ici 2050 afin de respecter les objectifs de neutralité carbone. Ce doublement représente un défi monumental tant sur le plan logistique que financier.

Une consommation électrique de 207 TWh : les chiffres sont alarmants !

En 2023, l'industrie a utilisé 103 térawattheures (TWh) d'électricité, mais ce chiffre atteindra 207 TWh dans les prochaines décennies. Cette augmentation radicale est le résultat d'une transition énergétique vers une électricité largement décarbonée, principalement d'origine nucléaire, et d'un remplacement progressif des énergies fossiles telles que le gaz et le fioul.

La transition énergétique s'articule autour de deux axes essentiels : l'électrification des procédés industriels (chauffage, séchage, traitements thermiques) et l'usage croissant d'hydrogène décarboné, produit à partir d'électricité, notamment pour des secteurs comme la production d'acier et de l'ammoniac. Mais ce n'est pas tout ! Les besoins en électricité seront également accrus par les technologies de capture et de stockage de CO2, indispensables pour réduire les émissions dans des industries telles que celle du ciment.

Un chemin semé d'embûches : les défis logistiques et économiques à surmonter

Cependant, cette ambition n'est pas sans défis. Le succès de l'électrification dépend de trois éléments cruciaux : une électricité décarbonée, des prix compétitifs et la capacité de production et de transport adéquate. Actuellement, ces exigences ne sont pas pleinement satisfaites. Bien que la France dispose d'un mix électrique parmi les plus propres en Europe grâce à son parc nucléaire, des incertitudes subsistent quant à l'avenir de cette électricité à prix compétitif.

Le vieillissement des infrastructures nucléaires et la nécessité de développer davantage d'énergies renouvelables compliquent encore plus cette équation. Le coût reste un obstacle majeur. David Lolo, auteur de l'étude, souligne que l'électricité doit être abordable, compétitive et prévisible pour que cette transition soit réalisable : « Ce n'est pas un chantier acquis ». Après la crise énergétique provocée par le conflit en Ukraine depuis 2022, les industriels ont besoin de garanties de stabilité tarifaire à long terme.

Pour répondre à ces défis, EDF a mis en place des contrats d'allocation de production nucléaire (CAPN) qui visent à garantir des tarifs préférentiels sur l'électricité à long terme en échange d'une prise de risque sur la production nucléaire. Toutefois, ces contrats sont considérés comme encore trop coûteux, et les industriels demandent des garanties supplémentaires pour assurer la stabilité de leurs coûts énergétiques.

Le temps presse, et l'urgence climatique pousse l'industrie à se réinventer.

Sera-t-elle prête à relever ce défi colossal d'ici 2050 ?